Joie de vivre croise les genres avec maîtrise pour une production séduisante. Louane y chante avec fièvre l’amour mais aussi la douleur.
Sur la pochette de Joie de Vivre, prise sur une plage de son enfance, Louane ne semble ni joyeuse, ni nostalgique, ni vraiment épanouie. Comme s’il se tramait des choses en interne; des tourments semblent filtrer de son regard perçant en notre direction. Un constat appuyé par la liste des pistes qui laisse entrevoir encore et toujours des peines de cœur. Louane reste fidèle à son domaine de prédilection qui l’accompagne depuis le début de son succès avec Jour 1. Mais aussi, et c’est une agréable surprise, des morceaux plus introspectifs.
Chambre 12 et Louane nous y ont accoutumés, Louane aime chanter l’amour et ses déchirures. Une passion qui lui a valu ici deux morceaux signés de la plume poétique du rappeur Damso : Donne-moi ton cœur et Poésie indécise. Ces deux titres tirent au mieux parti de ses capacités vocales pour des rendus flattant le tympan (et les yeux dans leurs clips respectifs). En résulte un amour consistant, teinté de dilemme et de secret apposé sur des instrumentales soporifiques. Une collaboration inattendue, en somme, 100% gagnante !
Se glissent aussi dans cet album des titres plus profonds révélant des blessures intimes. Ceux-ci sonnent comme des quêtes identitaires qui tournent autour de la question fatidique « qui suis-je ? ». Des tourments internes que l’on pourrait, au final, tous partager à peu de choses près. L’on s’identifie alors rapidement à la jeune fille dépeinte dans le morceau Mademoiselle tout le monde. Et elle évoque avec émotion les violences faites aux femmes à travers 3919. Un rappel judicieux si ce numéro d’urgence ne figure pas sur votre magnet des numéros utiles sur le réfrigérateur.
Aimer jusqu’à l’impossible
Joie de vivre s’écoute alors sans ressentir de lassitude, et ce, malgré la quasi absence de collaborations. En effet, seul le rappeur Soolking (lui aussi habitué à chanter ses relations compliquées) a eu le privilège de partager l’antenne avec Louane, sur Toute ma vie. Le sujet, vous l’aurez évidemment deviné. Il en résulte un mariage sympathique entre timbre cristallin féminin et voix masculine éraillée pour clamer l’ardeur des passions. La forme ambitieuse de cet album témoigne dès lors du désir de Louane de sortir de sa zone de confort. Mais pas trop non plus.
En dépit du travail instrumental et vocal opérés sur ce projet, nombre de textes restent en deçà du potentiel de Louane. Un brin électro (Ta peau), un brin classique au piano (Aimer à mort), souvent prouesse chantée (A l’autre), parfois un peu plus scandé (Songe); Joie de vivre mélange les genres pour un ensemble éclectique. Chaque morceau se démarque des autres pour apporter une touche nouvelle à l’univers de la jeune chanteuse. Mais, à l’écoute de certains vers, on déchante. On brasse platement les clichés des affects du cœur, du plus doux au plus déchirant. Louane vous promet ses yeux s’il vous adviendrait de bigler dans Love ou prend un machiavélique -et puéril- plaisir à rendre son ex jaloux dans Pleure.
Poésie encore un peu indécise
Louane a mûri, on le ressent agréablement dans ses textes plus profonds. Joie de vivre se teinte d’introspection sur des mélodies variées et douces. Tout en ne renonçant évidemment pas à sa passion pour les histoires d’amour à l’eau de rose. La magie opère tout de même grâce à sa voix imbibée de pureté pour une petite heure de douceur auditive.