Dans Murderbot, un système de sécurité humanoïde a trouvé le moyen de s’autopirater. Dès lors, il peut tout faire… même tuer ses clients. Réalisée par Paul et Chris Weitz, la série de science-fiction Murderbot, disponible sur Apple TV+, est portée par un Alexander Skarsgård parfait dans le rôle-titre.
Murderbot (journal d’un AssaSynth) est un petit bijou haut en couleur, à l’humour délicieusement grinçant. Ses 10 épisodes passent bien vite et nous laisse un arrière-goût de trop peu. De quoi réaffirmer la qualité du catalogue de choix proposé par la plateforme Apple TV+
Ils nous jugent
On a tous déjà entendu quelque part « les machines vont nous dominer ». C’est un des thèmes classiques de la science-fiction, imaginer que des robots humanoïdes vont nous surpasser. Dans Murderbot, cette crainte est prise à revers. Les machines sont intelligentes, oui, mais elles jugent les humains. Le personnage de Murderbot est, de fait, absolument horrifié par la bêtise humaine. Aussi, il ne comprend pas le comportement de ses clients qu’il qualifie de ridicule voire idiot. Et pourtant, il est contraint de se cacher. En effet, les scientifiques qu’il se doit de protéger ne doivent découvrir sous aucun prétexte son libre-arbitre nouvellement acquis.

En prenant ce thème de la cohabitation entre humain et robot, le tout avec une bonne dose de sarcasme, Murderbot marque des points. A l’ère où l’actualité ne peut que nous inciter à devenir critique de l’humain, la série pose des mots sur nos pulsions d’introversion. Parce que oui, dans Murderbot le genre humain s’en prend plein la tronche. Mais bon sang, qu’est-ce que c’est drôle ! Il y a quelque chose de profondément jouissif à voir un robot passer son temps à critiquer les humains. Alors que la seule chose dont il rêve, c’est qu’on le laisse en paix pour regarder des séries ultra kitsch dans son coin. La série se base donc sur un humour grinçant, et c’est rafraîchissant dans un genre qui prône le pessimisme !
Mais quels humains aussi…
Murderbot ne s’embarrasse pas de pincettes pour balancer des clichés. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les scientifiques de la mission ne constituent pas un brillant échantillon de l’humanité. Entre la gentille naïve, le crétin qui ne sait jamais quand se taire, celle qui déborde de bon sentiment… On les connaît par cœur ces personnages. On pense notamment à certains films Marvel qui nous donnent à foison des exemples d’humour excessif et particulièrement ridicule, le tout, dans un univers science-fictionnel. Pourtant, dans Murderbot, on arrive pas à totalement s’en lasser. La série parvient à nous captiver, alors même que la familiarité et le comique de la situation pourrait nous lasser. Mais c’est peut-être le savant mélange des codes classiques de la science-fiction et de ceux de la satire qui nous poussent à rester.

Ces protagonistes clichés sont tout de même portés par deux excellents acteur. Alexander Skarsgård incarne parfaitement cet humanoïde incapable de toute émotion. A tel point qu’on en vient à se demander comment il fait pour ne pas craquer et exploser de rire. A ses côtés, Gurathin (David Dastmalchian) est un humain augmenté et le seul sceptique de sa bande de délurés. Et si les Mensah (Noma Dumenzweni) Arada, (Tattiawna Jones) ou Pin-Lee (Sabrina Wu) sont des plus touchants, leur personnages pourraient tout à fait exister dans une série radicalement différente. Autrement dit, c’est le tandem Murderbot-Gurathin qui tient définitivement le navire et qui ancre cette bande de joyeux lurons dans le genre de la science-fiction.
Colorimétrie saturée
Le générique de Murderbot donne le ton de la série. Haut en couleur, il évoque presque l’emballage d’un paquet de bonbon acidulé. Ce choix esthétique va totalement à l’encontre du classique de la science-fiction qui nous laisse imaginer un univers sombre, mélancolique. Évidemment cette assertion relève de l’ordre du cliché, mais quand on pense à des films comme Blade Runner ou Matrix, il faut avouer qu’ils ne sont pas avares de luminosité. En n’oubliant jamais sa part de violence, Murderbot surfe sur une colorimétrie poussée, presque cartoonesque. En cela, on dira qu’il y a un petit quelque chose de réconfortant dans la série. On s’enchaîne les épisodes non sans un certain plaisir, presque comme un plaisir coupable.

Si on pourrait craindre que le scénario s’effondre, Murderbot parvient à se renouveler jusqu’à la fin. Sans pour autant avoir une trame narrative très complexe, la série joue sur notre corde sensible et l’empathie que l’on peut ressentir pour certains protagonistes. Autrement dit, la mise en scène de Murderbot assure un réel charme à la série. Il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très sérieux ou de très codifié. Simplement de la couleur saupoudrée d’une bonne dose de sarcasme. Et parfois, il est bon de se laisser prendre au jeu de série comme Murderbot !
Murderbot est le genre de série qu’on regarde d’une traite. Comme dix épisodes d’un plaisir coupable, la série de Chris et Paul Weitz nous reste en tête par sa simplicité et son sarcasme.
Murderbot est disponible sur Apple TV+ dès le 16 mai.
Avis
Si Murderbot n’est pas un chef d’œuvre, la série reste néanmoins bien placée dans notre estime, un peu comme un plaisir coupable. Avec une mise en scène haute en couleur, un sarcasme nullement dissimulé, pour un amateur de science-fiction, Murderbot est une série des plus rafraichissante.