La tant attendue série Moon Knight vient de débarquer sur Disney+ et propose, dans son pilote, un angle inattendu pour une production du MCU. Un bien chouette projet, mais un peu facile…
Steven Grant travaille dans un musée et souffre d’insomnies, plus violentes qu’il n’y parait puisqu’il semble également sujet à des troubles dissociatifs de l’identité et être possédé par un dieu égyptien… Moon Knight est donc la dernière-née des productions télévisuelles du MCU, un retour aux sources rafraichissant pour le studio qui pioche plutôt du côté de Daredevil que de Falcon & Winter Soldier, tout en explorant les troubles psychologiques avec élégance !
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Créée par Jeremy Slater, à qui l’on doit pas mal d’errances cinématographiques comme Les 4 Fantastiques de Josh Trank ou le Death Note de Netflix, Moon Knight semble pour l’instant être comme un ovni dans le CV du bonhomme, à moins que Kevin Feige n’opère discrètement à maintenir toute cette nouvelle initiative sur la bonne voie… Cependant, il faut raison garder, nous n’avons vu que 4 épisodes sur les 6 prévus de cette première saison, mais n’ayons pas peur des mots : pour l’instant, c’est diablement efficace ! Tant dans la forme que dans son fond, une belle réussite en somme. Sauf si c’est l’arbre qui cache la forêt…
Batman Moon Knight Begins
Attention, puisque nous sommes soumis à un embargo hebdomadaire de la part de Disney, vous ne trouverez ici aucun spoiler ni aucun élément présenté dans les épisodes suivants.
Attendu au tournant par une fanbase bien galvanisée par les teasing et la perspective de voir une série plutôt agressive et brutale, le pilote de Moon Knight, s’il ne brosse pas grand-chose d’autre qu’une rapide présentation du pitch global, a le mérite d’y aller à fond. En seulement 50 minutes, l’épisode nous offre un regard général sur le show et l’ambiance qu’il mettra en place sans faire de chichis. Aucune faute de rythme, le tout est mené tambour battant en présentant bien les enjeux généraux. Même si ça sent bon la série qui veut faire paraître compliqués des arcs narratifs assez classiques, on navigue plutôt agréablement dans cette nouvelle proposition, depuis l’entrée du mysticisme au sein du MCU à un ersatz d’espionnage racé, mais qui veut avant toute chose mettre bien en évidence l’aspect psychologique et le morcèlement de son protagoniste.
Ainsi, ce premier épisode nous présente Steven Grant, timorée Oscar Isaac affublé d’un accent anglais parfois risible mais plutôt bien géré, à l’hyperactivité communicative alors qu’il expérience des troubles du sommeil. Ainsi, au milieu de sa routine au musée et ses problèmes relationnels, on fait la rencontre de son alter ego, ou de son autre identité, Marc Spector, mercenaire tout en charisme et retenue. Une dichotomie parfaitement mise en place par un Oscar Isaac d’une générosité savoureuse. Une prestation joliment contrastée par la performance laconique du grand méchant, incarné par un Ethan Hawke pas très charismatique mais à l’allure suffisamment calme et dangereuse pour s’opposer à l’effervescence de Isaac, lequel frôle parfois le cabotinage. Mais on chipote.
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Pourtant, c’est là que le pilote de Moon Knight peut désappointer : dans son ambivalence de bonnes idées et de cache-misères, ce qui se reflètent également dans sa fabrication filmique. On appréciera par exemple un montage fait de jump-cuts et de match-cuts pour éluder certains vides narratifs et accentuer l’aspect insomniaque du personnage, mais c’est surtout pour imager les changements identitaires du protagoniste que le procédé fait des merveilles. Par contre, c’est une technique qui semble un peu facile pour évincer des scènes de bastons et éviter à Marvel de débourser des dollars inutiles quand un raccord et un plan sur des phalanges ensanglantées permettent de comprendre que Marc Spector est venu sauver la mise à Steven Grant. Ne reste plus qu’à espérer que ces ellipses se raréfieront au fur et à mesure que le protagoniste sera plus à même de gérer ses troubles dissociatifs.
De même pour la photographie qui, plus sombre que d’ordinaire dans une production du MCU, est délectable et galvanise la promesse d’assister à un spectacle plus adulte. Au moyens de dutch angles retors et de plans montrant plein cadre des constellations d’hémoglobine, on voit que Marvel essaye de proposer un divertissement pour les plus grands. Néanmoins, on regrette que les effets visuels ne soient pas tous à la hauteur de l’entreprise. On alterne entre des passages bluffants de réalisme, des fonds verts absolument risibles ou des modélisations amateuristes, comme celle de Konshu, proprement salopée. Et il en va de même des décors qui n’hésitent pas à délocaliser l’action hors des sacro-saintes citées américaines pour des provinces européennes, le temps d’une séquence musclée mais qui ressemblent paradoxalement plus à des plans filmés en studio que ceux en ville. Ambivalent on disait. Au moins c’est raccord.
Moon Knight commence bien, en nous plongeant rapidement dans l’action et une nouvelle intrigue du MCU, mais en nous laissant par instants aussi perplexes que son protagoniste, malgré une intrigue qu’on devine déjà assez linéaire et un jeu de montage pour l’instant original. Vite, la suite.
La saison 1 de Moon Knight vient de commencer sa diffusion sur Disney+.
Avis
Ce premier épisode de Moon Knight propose un regard original au sein du MCU, avec un protagoniste et une mise en scène morcelés du plus heureux effet. Reste à espérer que l'ensemble du projet soit cependant plus profond que ce simple effet de style.