Minari est nommé dans 6 catégories aux Oscars sans que l’on comprenne vraiment pourquoi.
Disons-le tout de suite : oui Minari est un film coréen, mais, non, ce n’est pas comme Parasite de Bong Joon-ho. Face au manque de culture coréenne sur nos écrans chaque français.e serait tenté.e de comparer les deux films… A tort, car mis à part de nombreuses nominations aux Oscars et un scénario désireux de parler de sujets forts, les deux longs-métrages sont très différents. D’ailleurs, si Parasite avait presque raflé toutes les récompenses l’année passée, on doute que Minari puisse connaitre le même succès.
Après avoir tenté sa chance en Californie, une famille d’origine sud-coréenne déménage dans l’Arkansas pour un rêve américain plus rural. En grande difficulté financière et voulant fuir son travail de trieur de poussins, le père de famille (accompagné de sa femme) se lance dans la création d’une exploitation agricole pour offrir une meilleure vie à ses enfants et en particulier à son fils atteint de problèmes cardiaques.
A travers une approche intimiste, le réalisateur et scénariste, Lee Isaac Chung propose une évolution progressive, presqu’au jour le jour, de l’établissement d’une famille coréenne dans son nouveau foyer. Le but étant de souligner les difficultés à surmonter pour vivre (voire survivre) aux Etats-Unis. Si l’intrigue parle peut-être plus aux personnes ayant immigré en Amérique – et dans une moindre mesure aux Américains -, il est certainement plus difficile pour un public français de s’identifier aux protagonistes, et de réaliser pleinement tous les tenants et aboutissants d’une telle œuvre. Non pas parce qu’une telle histoire ne peut pas être intéressante, mais parce qu’elle ressemble plus à n’importe quelle histoire d’une famille tentant de survivre aux Etats-Unis; le fait que les personnages soient d’origine sud-coréenne devient anecdotique au fur et à mesure que l’intrigue se déroule.
Oui à la diversité, non à l’ennui
Dans ce cas de figure, le plot d’origine perdrait alors toute sa force en traitant un sujet éculé : le rêve américain au prisme d’une famille en difficulté. Mais si l’engagement ne se situe pas dans la substance même du scénario, il se situe dans un aspect plus formel qui octroie une plus grande représentation des Sud-Coréens dans le paysage cinévisuel américain. Depuis plusieurs années, la diversité à l’écran ne cesse d’émerger pour chasser les productions n’offrant qu’exclusivement une représentation caucasienne hétérocentrée, pour qu’enfin, les personnes qui ne rentrent pas dans les normes occidentales puissent s’identifier à des personnages qui leur ressemblent. De ce point de vue, Minari contribue, à sa petite échelle, à cette évolution.
Aussi appréciable que puisse être cette contribution à l’évolution des représentations, il n’en reste pas moins que cette œuvre – pourtant nommée aux Oscars dans la catégorie meilleur film et meilleur scénario original – est bien trop linéaire pour nous séduire. Passée la curiosité des débuts, et l’arrivée de la famille dans leur nouveau lieu de vie, s’ensuit un besoin que le long-métrage se termine rapidement, car les scènes s’enchainent sans provoquer une seule surprise chez le spectateur. Pire encore, après presque 2 heures de visionnage, aucun attachement n’est ressenti pour le moindre protagoniste. La faute à un scénario qui s’est contenté de nous donner des personnages a priori complexes mais qui ne seront à aucun moment pleinement développés. Dommage, car les actrices et acteurs de Minari sont, sans exception, tous excellents.