2024 est l’année du Sony’s Spider-Man Universe avec trois sorties de prévues. Dire que ça démarre mal avec Madame Web n’est qu’un doux euphémisme. Mais pas besoin d’être devin pour se douter de la catastrophe qu’est le film…
Flashforward : Madame Web est un film sous produit se faisant passer pour un blockbuster mais qui n’est en réalité qu’une série Z d’exploitation racoleuse qui ramasse les miettes d’un univers qui n’a aucun sens.
Cassandra Web, une ambulancière, se voit dotée de don divinatoire suite à un accident. Ses nouveaux pouvoirs vont l’amener à avoir la responsabilité de 3 adolescentes traquées par un super-vilain qui veut les tuer pour les empêcher de devenir des super-héroïnes.
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Notre nature bienveillante a envie de dire que le film ne partait pas si mal. Ou du moins, par nivellement par le bas, pas de manière aussi insultante que les précédentes adaptations de ce SSU. En même temps, en adaptant des personnages de quatrième zone des comics, l’attente est moins élevée. En terme de réalisation, les premières scènes de visions sont à minima inspirées en s’amusant avec le montage et l’ordre des événements (la scène du métro) ainsi que l’utilisation de Toxic de Britney Spears qui fait office de compte à rebours.
Au-delà, de ces deux idées peu exploitées (le concept était mieux géré dans Next avec Nicolas Cage), autant dire que ça ne va pas plus loin. SJ Clarkson, réalisatrice de série aguerrie, tente des choses un temps soit peu louables avec sa caméra mais le tout est gâché par un montage digne d’un film d’Olivier Megaton.
Un grand héros implique de grandes responsabilités ? Ou pas…
Le casting dégage un capital sympathie. Non pas par l’écriture, aussi inconsistante soit elle, mais bien par leurs interprètes dont on ne doute pas de leur bonne intention. Puis Dakota Johnson est une véritable troll en interview et pour cela elle a toute notre affection. A contrario de son personnage qui a une évolution insensée passant de l’apprentissage à “de grandes responsabilités impliquent un grand pouvoir” à des mommy issues qui débarque en milieu de film.
Tout le scénario pue les réécritures en cours de route, le script étant tel une toile d’araignée : cousu de fil blanc ornée de trous béants. Après, cela partait mal de base puisque que nous nous retrouvons au niveau des auteurs Matt Sazama et Burk Sharpless, déjà coupables sur Morbius. Que ce soit des incohérences monstrueuses (Madame Web arrive à prendre l’avion pour le Pérou alors qu’elle est en cavale), une intrigue qui, comme sa protagoniste, avance à l’aveugle et des comportements de personnages aberrants (le trio d’ado qui danse sur une table alors qu’elles sont pourchassées par un super-vilain), rien ne va.
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En réalité, les équipes créatives, que ce soit SJ Clarkson, les scénaristes ou Dakota Johnson, ne sont pas à blâmer. Les fautifs de ce(s) naufrage(s) sont les exécutifs du studio qui sont retournés à une démarche de cinéma d’exploitation dans le sens intelligemment défini par Ephraim Katz dans l’ouvrage The Film Encyclopedia :
“Des films faits avec peu ou pas d’attention à la qualité ni au mérite artistique mais dans la perspective d’un bénéfice rapide, habituellement par l’intermédiaire de techniques de vente sous pression et de promotion qui insistent sur l’aspect sensationnel du produit”
Ephraim Katz – The Film Encyclopedia
Cela s’explique aussi par une production qui évite les dépenses, le budget de Madame Web s’élevant à 80 millions de dollars, une somme dérisoire dans le contexte actuel de production hollywoodienne (c’est presque le budget de Astérix et Obélix : L’empire du milieu) et les fausses ambitions qu’il veut se donner. Car en effet, il veut avoir les apparats du blockbuster sans sa générosité. Ne vous attendez donc pas à du spectaculaire : le film a tout au plus trois séquences d’action, qui ne durent pas plus de 5 minutes avec un climax littéralement basé sur des feux artifices. Une technique de divertissement inventée en 1044 on le rappelle…
Madame Web, un film de Super-Racoleur.
Son exploitation de l’univers Spider-man est dans la même démarche : racoleuse. Comme les précédents films, il tente de tisser des gros liens avec l’homme araignée, mettant carrément en scène l’oncle Ben dans sa jeunesse et Mary Parker, enceinte jusqu’au cou de notre cher futur super héros. Sans que cela ne soit un enjeu, faisant office de figuration dans le fond. Cela aurait pourtant pu être intéressant de faire une sorte de Terminator où l’ennemi Ezekiel doit éliminer la famille Parker pour empêcher la naissance de Spidey et Madame Web, en grande prêtresse du destin des araignées(à l’image des comics), doit l’en empêcher.
Même le postulat du film actuel, mettre en scène trois spider-women, avait de quoi être intéressant. Mais ne vous attendez pas à les voir en action, leurs scènes en costumes et dotées de leurs pouvoirs étant des flashforward entièrement dévoilées dans les bandes-annonces, tout ça par faute de budget. Entre ce film, la scène post-générique de Venom 2 et la bande annonce de Morbius qui teasait la présence de Spider-man, Sony obtient la palme de la publicité mensongère. A vrai dire, cela se voit comme une tarentule au milieu du visage que le studio navigue à vue avec son pseudo univers et ne sait pas quoi en faire sans son égérie phare.
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La rumeur voudrait que dans un premier temps le film devait se passer dans les années 90 pour raccorder avec les Spider-Man de Andrew Garfield. Avant de changer de cap, faute de cohérence, en supprimant toutes les références aux nineties lors du montage pour placer l’intrigue en 2003 et bricoler un lien avec celui de Tom Holland. Avant une nouvelle fois faire machine arrière et supprimer les références à cette version… Un beau bordel qui résume la situation.
Flashback : Madame Web est un film sous produit se faisant passer pour un blockbuster mais qui n’est en réalité qu’une série Z d’exploitation racoleuse qui ramasse les miettes d’un univers qui n’a aucun sens.
Madame Web est actuellement sur la toile des grands écrans.
Avis
Madame Web un film d'exploitation sans budget et sans direction claire. Un pur produit racoleur dont on a pitié pour les équipes créatives.