Amat Escalante, cinéaste récompensé pour la mise en scène de son long métrage Heli à Cannes en 2013, est donc un habitué de la caméra. Avec Lost in the Night il signe un thriller énigmatique. Énigmatique, oui, et même un peu trop.
Emiliano se lance sur les traces de sa mère disparue. C’est la promesse du film, suivre l’enquête de ce jeune homme et le voir balloté entre les policiers qui refusent de l’aider.
Un thriller raté
Sur près de deux heures de film, si cette disparition survient dès les premières minutes, on en entend à nouveau parler au bout d’une bonne heure. L’ouverture de Lost in the Night est rapide, des plans courts, effrénés, on a du mal à comprendre ce qui se passe. Une atmosphère étouffante est posée d’emblée et promet un thriller palpitant. Mais non.
On ne comprend pas ce qu’on regarde. On ne comprend pas pourquoi cette enquête présentée comme étant le cœur du scénario est à ce point passée au second plan. En alternant une histoire d’amour très niaise, avec des personnages féminins pas du tout mis à l’honneur, le propos du film se perd dans les méandres d’une idée trop floue. Sur un fond d’histoire militante, pas du tout exploitée, on découvre une famille profondément dysfonctionnelle avec des personnages que le réalisateur semble successivement adorer puis détester.
Une mise en scène fade
Si le titre du film, Lost in the Night, appelle à une intrigue nocturne, l’histoire se déroule presque exclusivement de jour. Une première piste vers l’incompréhension absolue de ce qui est raconté. De jour, oui, avec une colorimétrie tendant vers le gris, ce qui rend l’ambiance globale extrêmement maussade. Combiné a des plans fixes, sans musique, où l’intrigue se déroule à un rythme extrêmement fastidieux, le résultat est un film lent. Cette lenteur n’est pas en faveur du long métrage. On décroche un nombre incalculable de fois, et c’est d’autant plus difficile de se reglisser dans l’intrigue.
Ce ralenti de l’histoire donne une impression terrible que le cinéaste essaie de jouer à un jeu qui ne lui correspond pas. En effet, on a le sentiment qu’il cherche à montrer un monde dans lequel petit à petit les choses commencent à aller de plus en plus mal et où tout se renferme sur les protagonistes. Sauf que dans Lost in The Night, ça ne fonctionne pas. Il n’y a pas cette fascination pour la personnalité des personnages qui permet de s’accrocher jusqu’au bout. Seul problème, la finalité du long-métrage est donnée dès le début, trouver la mère. Mais puisqu’il qu’il n’y a jamais réellement d’aboutissement, le déroulé de l’intrigue n’en est que plus déceptif.
Des personnages grotesques
Un point qui reste absolument obscur dans ce long métrage est le traitement des personnages. D’une scène à l’autre, ils sont caricaturaux, ridicule, puis d’un coup beaucoup trop sérieux. Il est difficile d’en classer un seul dans une case tant leur personnalité est vacillante. D’abord l’artiste (Fernando Bonilla) avec un iroquois à la fois complètement fou et enfant geignard. Puis sa femme (Bárbara Mori) envers qui il est violent, mais qui semble trouver ça sexuellement excitant. En somme, il n’y a que peu ou pas du tout de logique dans le caractère des personnages.
Les deux personnages qui centralisent l’histoire sont Emiliano (Juan Daniel García Treviño) et Mónica Aldama (Ester Expósito). Le premier arbore du début à la fin une seule et même expression et ça en devient exaspérant. La deuxième est ambiguë (c’est définitivement un type de rôle qui colle à la peau d’Ester Expósito) et si tous les soucis qu’elle semble avoir ne sont que très peu explicités, son dénouement est absolument ridicule.
Lost in the Night est un film qui ne sait pas où il va. Lent, poussif, l’intrigue est fastidieuse et en devient peu intéressante tandis que les personnages sont à peine traités au profit d’une histoire qui ne sait pas quoi raconter.
Lost in the Night est sorti en salle en 2023
Avis
Lost in the Night est un film sirupeux à en être écœurant. L’esthétique est lisse, maussade, les personnages ne provoquent aucune empathie. On n’accroche jamais à une intrigue qui peine à se mettre en place.