Loin du Périph’ succède, dix années plus tard, à De l’autre coté du périph’, succès surprise que personne n’attendait vraiment, tout comme cette suite futile et caricaturale.
Dix années seulement séparent De l’autre coté du périph’ de Loin du périph’ et attestent que depuis le succès surprise du film de David Charhon, c’est une éternité. Parce si que les choses ont changé pour le casting, depuis le réalisateur, entre autres, du navet Cyprien, qui a aussi migré sur Netflix avec le non moins raté Le Dernier Mercenaire avec JCVD, la carrière d’Omar Sy, alors en pleine explosion après Intouchables a fait de l’acteur la tête pensante de cette suite aux côtés de l’autre acteur incontournable qu’est devenu Laurent Lafitte. Tel un Bad Boys For Life, ce dernier est ainsi relégué au sympathique bouffon déconnecté tandis qu’Omar Sy assume de front la réussite de sa carrière dans cette épuisante et inutile suite.
Téléfilm dopé
Loin du périph’ prend donc les même et recommence. Un cadavre découpé dans un train réunit ainsi les deux compères, tandis que l’un a réussi sa carrière (Omar Sy, évidemment) et que l’autre patine (Laurent Lafitte), la suite de Louis Leterrier s’attaque de front aux questionnements liés au racisme et à l’égalité des chances, se vautrant pourtant aisément dans des blagues datées sur les femmes dénudées et l’homosexualité. Et ce n’est pas la présence de la radieuse Izïa Higelin qui y changera quelque chose : la pauvre n’a malheureusement rien d’autre à jouer que la conquête facile et sympathique avant un revirement aussi grotesque que l’est le scénario de Stéphane Kazandjian.
Loin du périph‘, malgré son duo d’acteurs, de la toute puissance de la plateforme au N rouge couplé à un duo de prestigieux producteurs français (Nicolas et Eric Altmayer) n’a ainsi l’étoffe que d’un fade téléfilm uniquement boosté par la réalisation de Louis Leterrier. Parce que le réalisateur de l’Incroyable Hulk, d’Insaisissables et prochainement du dixième opus de Fast & Furious prend un évident plaisir à doper ce scénario vide et caricatural dans des scènes d’action survitaminées, dans lesquelles on trouve notamment le seul moment de plaisir du film, une poursuite en karting dans un supermarché, nous rappelant (un peu) que l’on ne se trouve pas sur une chaîne du service public un dimanche soir mais bel et bien sur une plateforme toute puissante mondialement.
Autoroute de clichés
Des clichés sur la province, ici coincée entre des personnes âgées vivant avec des poules dans leur maison, des spécialités peu ragoûtantes, des politiciens d’extrême droite corrompus et des fachos bas du front, tout y passe. On est ainsi presque étonnés de ne pas voir figurer dans Loin du périph’ une scène dans une foire à la saucisse locale où nos deux flics auraient dû se battre contre des chasseurs avinés sur la scène de l’élection de la miss de l’évènement. L’ensemble se trouve de plus dénué du moindre suspense, dépliant son scénario minuscule sur plus de deux heures de métrage. Un supplice.
On reste ainsi de glace face à cet ersatz de buddy movie, comparable à la galère qu’était (déjà) Le Flic de Belleville, porté une fois de plus par notre Omar Sy national. Emballé dans un prestigieux emballage, qui n’a malgré ses luxueuses apparences que la carrure d’un téléfilm fade et caricatural, Loin du périph’ tente de faire sourire avec les mêmes recettes éculées, qui sous un vernis de combat contre le racisme, se contente de refaire une recette d’un plat international dont on se serait fortement passé : le navet.
Loin du périph’ est disponible sur Netflix.
Avis
Loin du périph' n'est qu'un téléfilm grossier et caricatural porté par des acteurs prestigieux et une mise en scène survitaminée. Cela ne suffit cependant pas à cacher la misère d'une suite inutile, qui sans ses prestigieux moyens aurait amplement mérité d'être proposé un dimanche soir sur une chaîne du service public. Circulez, il n'y a (vraiment) rien à voir.