Un hiver Antarctique – seuls sur la planète blanche – est le récit passionnant et insolite d’un séjour de neuf mois à Concordia, au cœur de l’Antarctique.
Dans Un hiver antarctique, Cyprien Verseux, chef de mission à Concordia, raconte avec beaucoup de sincérité et d’humilité les 9 mois de son équipage dans un environnement des plus hostiles fait d’isolement, d’obscurité et de privation.
9 mois dont 3 mois de nuit continue, imposée par l’hiver austral pendant lesquels le soleil n’atteint même pas la ligne d’horizon tandis que les températures peuvent descendre jusqu’en dessous des -80 degrés. Un récit incroyable qui nous transporte avec beaucoup d’émotion à 3200 mètres d’altitude, au cœur d’une aventure glaciale et étonnante.
« Si un incident grave se produit au cours de l’hiver, que ce soit un incendie, une blessure, une panne de générateur ou toute autre urgence, nous devons être capables de le gérer : nous ne verrons se garer devant la base ni ambulance, ni camion de pompiers, ni voiture de police, ni véhicule de dépannage.«
Une expédition hors-normes
Ne va évidemment pas qui veut passer 9 mois dans des conditions de vie – plutôt même de survie d’ailleurs – aussi extrêmes. Tests psychologiques, psychiatriques, neurologiques, médicaux en tous genres ; série d’épreuves physiques, exercices anti incendies, cours de sauvetage en mer, ou encore entraînement à la survie sur la glace…
C’est au terme de ce « parcours de santé » des plus rigoureux que Cyprien Verseux a décroché sa précieuse place pour Concordia. Une mission permettant aux chercheurs d’étudier le climat, mais aussi d’évaluer comment les missions sur Mars et sur la Lune affecteront les astronautes. Car si le sommeil se trouve grandement perturbé par le manque d’oxygène lié à la faible pression atmosphérique, le système immunitaire, le niveau de stress, le sommeil, le moral, de même que les capacités intellectuelles et motrices, sont également touchés à des degrés variables.
Un récit rythmé et émouvant
À la manière d’un carnet de bord, Cyprien Verseux nous livre avec beaucoup de sincérité et de simplicité ses ressentis, et raconte les différentes étapes de cette extraordinaire aventure. À commencer par les épreuves de sélection, puis le voyage tumultueux vers la banquise à bord de l’Astrolabe, dont on comprend vite qu’il n’a pas volé son surnom de « Gastrolabe » ! Et puis, bien sûr, l’acclimatation difficile pour le corps dans cet environnement qui impose quelques règles de survie. La principale étant de « toujours avoir de quoi couvrir chaque centimètre carré de peau lorsque l’on quitte la base ».
Il raconte l’insomnie qui ne le quitte pas et rend tout plus laborieux ; la microsociété qui se forme autour d’un ensemble de valeurs ; le danger de l’hypothermie qui guette à la moindre imprudence ; ou encore le redoutable syndrome de l’hivernage essentiellement causé par l’obscurité, l’isolement, l’inconfort et le danger posés par le froid.
Un hiver antarctique surréaliste
Après les aventures passionnantes de Thomas Pesquet dans l’espace, c’est presque sur une autre planète que nous emmène avec la même fascination cet astrobiologiste. Une planète sur laquelle l’eau, les morceaux de glace – sur lesquels se dressent ça et là des manchots -, et l’horizon s’entremêlent pour dessiner un décor surréaliste dans lequel les mots nous plongent autant que les illustrations.
Un décor qui n’échappe pourtant pas, lui non plus, au réchauffement climatique, dont souffre chaque année un peu plus la faune fragile de cette région reculée de la planète. Et c’est avec émotion que l’on se surprend à quitter ce récit lorsque la mission s’achève, tant il nous semble avoir partagé l’intimité de ces neuf mois de vie hors du temps, hors de l’existence, hors de tout ce qui nous est familier.