Dans Les terres dévastées, Emiliano Monge bouscule, touche, dérange. Il aborde avec violence et lyrisme le thème tragique des migrants et du trafic d’humain. Une lecture prenante, au cœur de la jungle mexicaine, mais qui donne toutefois du fil à retordre.
« Quelqu’un à sifflé et des lumières se sont allumées… nous ne pouvions pas voir devant nous… nous nous sommes serrés les uns contre les autres… rien que des corps effrayés. »
On rame un peu… La compréhension de ce roman n’est pas simple. Loin de là. Entre les dialogues ou pensées des personnages qui s’entremêlent, l’abus de surnoms interminables, et la cruauté de l’histoire, on se demande parfois si on va passer au chapitre suivant. D’autant que les voix des migrants – ces êtres déshumanisés, qui sont devenus les simples objets d’un trafic – viennent ponctuer le récit, ajoutant ainsi à la cruauté et au malaise que cette lecture peut procurer.
… mais on s’accroche ! Car la construction habile du récit et la finesse d’écriture empêchent le lecteur d’abandonner avant la fin. La prouesse de l’auteur est d’être parvenu, malgré un propos tragique et une histoire éprouvante, à glisser une lueur de poésie et à mobiliser tous nos sens. Ainsi, on ressent jusqu’à la moiteur de l’atmosphère, et la poussière qui se colle à la peau au fur et à mesure de ce voyage sur des chemins de terre. Les terres dévastées se lit péniblement, s’apprécie progressivement, puis se digère.