« De mon enfance, je n’ai aucun souvenir heureux ». Dès les premières lignes du roman d’Edouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, le ton est lancé et on se trouve pris dans une plongée sans oxygène dans les abysses de la misère sociale, intellectuelle et morale.
Dans ce premier ouvrage, Edouard Louis dépeint l’enfance et l’adolescence d’Eddy Bellegueule dans un village de Picardie, univers dans lequel la pauvreté et l’alcool règnent en maitres et conduisent à une reproduction sociale, amenant les femmes à devenir caissières et les hommes à travailler à l’usine. Prenant très vite conscience de ses différences et de son homosexualité, Eddy fait tout pour rentrer dans la norme et ne plus être LE souffre-douleur.
Malsain et dérangeant En finir avec Eddy Bellegueule passe pour une version moderne des romans de Zola, et pourtant va plus loin qu’une simple révolte d’un personnage contre son milieu d’origine. On n’en sort pas indemne. L’intérêt de cette autofiction est que le lecteur, ne pouvant rester insensible aux horreurs que traverse Eddy, se trouve dans une position ambiguë entre attirance et dégout.
À la fois captivant et repoussant par le côté voyeur qui nous est imposé, Edouard Louis réussit à nous livrer un premier roman coup-de-poing qui se lit pourtant d’une traite.
En finir avec Eddy Bellegueule est paru le 3 janvier 2014 aux éditions Seuil.
Critique écrite par Ella Kay