Les voyageurs du crime est une comédie policière qui nous fait embarquer à bord de l’Express d’Orient pour un voyage des plus mouvementés.
Les voyageurs du crime est un huis-clos mené avec beaucoup d’énergie par huit comédiens incarnant des personnages aux personnalités bien marquées qui se retrouvent, le temps d’une nuit, confrontés à un improbable mystère.
En effet, personne n’a vu Mme Miller ni ses affaires depuis son supposé embarquement à Constantinople. Or, le train n’a depuis fait aucun arrêt. C’est sa fille qui donne l’alerte, et c’est là que l’enquête démarre pour Arthur Conan Doyle, père du célèbre Sherlock Holmes, et son ami George Bernard Show, tous deux justement à bord. La nuit qui s’annonce ne sera pas de tout repos. Et si notre attention a quelquefois « déraillé » durant ce voyage et que l’émotion nous a manqué, nous n’avons pas pour autant regretté d’avoir pris notre billet.
« Plus on nous explique cette affaire, moins nous la comprenons ! »
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Un décor enchanteur
Impossible de ne pas commencer par le gros point fort de cette pièce : son décor. En effet, il aurait été difficile de faire mieux pour nous donner la sensation d’être à bord de ce train ! Le wagon reconstitué est plus vrai que nature, les costumes d’époque soignés, et surtout, surtout : la projection en continu et en arrière plan de paysages défilants donne l’illusion parfaite du train en mouvement. Ce procédé nous a particulièrement séduits.
Ainsi, nous passons 1h40 dans l’ambiance raffinée et calfeutrée du plus célèbre train du monde à bord duquel va se dérouler une enquête fastidieuse à propos d’un meurtre commis dans l’une des voitures. Une enquête qui va se resserrer autour de quelques passagers dont aucun ne semble – à priori – avoir de mobile. Les esprits s’échauffent, les interrogatoires s’enchaînent en même temps que les va-et-viens, et on n’a pas le temps de s’ennuyer.
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Une recette néanmoins incomplète
Pour autant, nos émotions sont quant à elles restées à quai… En effet, rire, suspense, surprise n’ont fait que nous effleurer. Il faut dire que nous ne nous sommes attachés à aucun de ces personnages un brin caricaturés, à l’image de ce Bram Stoker, créateur de Dracula, rendu par moments un peu trop lourd et nigaud ; ou ce grand maître d’échecs russe Mr Souline, personnage misogyne et excessivement antipathique.
Et puis, certaines situations et réactions des personnages manquent de réalisme, ou arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe. C’est notamment le cas du dénouement lors duquel Arthur Conan Doyle dévoile des indices qui ne nous renvoient à rien que l’on aurait pu remarquer plus tôt. Et c’est dommage, car c’est justement l’effet de surprise que l’on espère dans ce type d’intrigue : se dire : « Ah mais oui !! » au moment de la révélation finale. Sauf que là… eh bien non.
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Un pari tout de même audacieux
L’enquête policière n’est probablement pas le genre le plus simple à adapter et à mettre en scène au théâtre. Et ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Julien Lefebvre s’y essaye – plutôt avec succès – puisqu’il avait déjà revisité l’histoire de Jack l’éventreur avec sa précédente pièce : le Cercle de Whitechapel qui avait rencontré un certain succès.
Aussi, la qualité de cette pièce, de sa mise en scène, ainsi que la performance de cette troupe dynamique – dont le plaisir de jouer est évident – sont à saluer. Et si ce voyage ne nous laissera pas un souvenir impérissable, il nous aura néanmoins permis de passer un moment agréable et divertissant dans un décor unique.
Les voyageurs du crime, de Julien Lefebvre, mise en scène par Jean-Laurent Silvi, avec Stéphanie Bassibey, Marjorie Dubus, Céline Duhamel, Ludovic Laroche, Etienne Launay, Pierre-Arnaud Juin, Jérôme Paquatte, Nicolas Saint-Georges, se joue jusqu’au 09 janvier au Théâtre Le Lucernaire.
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