La BD française Les Sentinelles passe par la case adaptation en live-action ! Et s’il était question d’un film, c’est bien en série TV pour Canal que l’œuvre de Xavier Dorison et Enrique Breccia se voit subir une nouvelle jeunesse… mais pas nécessairement pour le meilleur hélas !
On l’attendait cette adaptation de Les Sentinelles ! Et pour cause, le genre super-héroïque français est pratiquement inexistant dans la pop-culture. Certains parleront sans doute de Fantomas, d’autres de Masqué ou la Brigade Chimérique en BD…. Les Sentinelles provient justement de cette seconde catégorie ! Publiée en 4 tomes de 2009 à 2014, cette dernière prend place en pleine Première Guerre Mondiale !

Les affrontements grondent dans les tranchées, et c’est dans ce climat anxiogène que Gabriel Féraud, un noble scientifique ayant découvert les vertus de la pile au radium, se retrouve mutilé au front par de multiples shrapnels. Auparavant peu enclin à utiliser le fruit de son invention, le voilà modifié tel un cyborg au sein d’une armure alimentée par sa source d’énergie au radium !
La croisée des genres
Bref, Les Sentinelles affichait un mix assumé entre Robocop et du Captain America à la sauce française, pour un résultat hautement honorable. Un succès qui s’est ensuite traduit par un projet d’adaptation en long-métrage il y a 10 ans, mais considéré comme trop onéreux. Heureusement, la BD passe par la case série TV Canal, normalement gros gage de qualité dans l’écosystème audiovisuel hexagonal !
Et il faut le dire, cette Saison 1 de Les Sentinelles démarre plutôt bien d’entrée de jeu : nous sommes au sein des tranchées en pleine nuit, tandis qu’un parfum de mort émane de la topographie toute en relief. Gabriel Ferraud (Louis Peres) tente de survivre en rampant, en luttant à l’arme blanche face à un assaillant allemand. Le budget semble maîtrisé, tout comme la scénographie et la violence de son contexte historique.

Pourtant, un évènement quelques minutes plus loin nous mettra la puce à l’oreille concernant cette adaptation : Gabriel active par inadvertance une mine qui explose et le propulse en l’air plusieurs mètres plus loin. Et quelques scènes plus tard, on découvrira que notre héros ne sera finalement affublé que d’une simple cicatrice sur la joue, trahissant totalement la nature même du personnage.
Dans Les Sentinelles Saison 1, il est néanmoins toujours question d’une escouade de super-soldats augmentés par des scientifiques peu scrupuleux, de secrets enfouis, de super-soldat allemand en guise de boss final, et d’intrigues périphériques impliquant Mme Ferraud cherchant son soit-disant défunt mari. Mais exit la pile au radium, bienvenue à un « sérum du super-soldat Marvel » appelé le dyxénal.
Plaquage de ferraille
Une modification sommaire pourra-t-on penser lors des premiers épisodes, mais qui est symptomatique de la problématique principale de cette adaptation. Dès lors, le « Taillefer » mi-homme mi-machine (mi-vivant mi-décédé en somme) n’existe plus dans Les Sentinelles, immédiatement requinqué par son cocktail super-héroïque de super-soldat.
De plus, toute l’iconographie et la singularité liée au personnage se retrouve diluée au sein de l’escouade. Une dévitalisation en un sens, qui touchera les divers arcs narratifs de cette Saison 1 : entre Ouassani Embarek jouant le Baron (le versant criminel du scénario) ou Olivia Ross en Gisèle Ferraud, tout transpire le délayage au détriment de l’efficacité scénaristique pure.

Le plus flagrant exemple tiendra d’ailleurs dans l’antagoniste de Les Sentinelles, figure récurrente via des visions possibles par l’utilisation du dyxénal, tout ça pour le bazarder dans un épisode 8 sans développement de personnage. Car il est bien là le problème de cette Saison 1 : le manque d’emphase global en terme de mise en scène et de narration.
Au moins, Les Sentinelles use intelligemment de son budget limité pour proposer une reconstitution d’époque sans fausse note, trouvant ses quelques petits moments de grâce dans des séquences d’action explosives, bien découpées, brutales, et parfois même réellement dynamiques dans leur chorégraphie. Un point positif indéniable, mais qui in fine ne justifiera pas cette adaptation manquant d’efficacité et d’incarnation.
Les Sentinelles débute sur Canal+ le 29 septembre 2025
avis
Les Sentinelles se veut malheureusement une adaptation trahissant l'esprit de la BD de Dorison, au profit d'un drame historique teinté de super-héroïsme sans réelle emphase narrative. C'est bien dommage, tant le soin apporté à la reconstitution d'ensemble ou concernant les divers scènes d'action laissent songeurs sur ce que le matériau de base aurait pu offrir en live-action. Mi-fer, mi-raisin !


6 commentaires
C’est mi figue mi raisin
Nous voulions juste faire un jeu de mot avec le personnage de Taillefer !
Bourré d’invraisemblances, et je ne parle même pas de la musique.. Du Rock-métal en 1915,bah pourquoi pas, au point où on en est rendu dans le délire.. Mais c’est long, d’une longueur.. 1h45 aurait largement suffit, bref, encore de la daube en vrac, au kg de plomb, dommage..!
Pour une fois que le cinema Francais se demarque histoire de concurrent la supremacie hollywoodienne, je vois dans la critique precedente quelqu’un qui n’a pas compris que c’est de la fiction. C’est fait pour divertir. Pour passer un bon moment. Par pour chercher de la vraisemblance.
La photo est excellente, l’histoire tiens l’original et pour une fois que du fantastique est Francais, ca fait du bien!
La vraisemblance n’a d’utilité que lorsqu’elle répond à la logique interne de l’univers dépeint. Et pas de bol, l’auteur de cette critique connaît aussi le matériau de base (globalement massacré) de cette série.
D’où un avis mitigé, mais qui n’occulte pas les qualités présentes (d’où un 5/10 et non une note inférieure)
Ouais c mêh. Pour moi bien raté, même en essayant d’imaginer que l’histoire se passe dans un univers parallèle! Aussi trop calqué sur les series américaines : ça manque de substance, ça un goût de resucée un mix de green lantern the arrow et j’en passe… Histoire inintéressante.
Super fan de fantastique et de SF je suis toujours à l’affût de nouveautés, trop déçue