Avec Les Initiés, le réalisateur sud-africain John Trengove a cherché à combattre des stéréotypes fortement ancrés dans l’imaginaire de certains dirigeants africains. Il s’est donc dit : « Imaginons l’homosexualité comme une sorte de virus qui pénètre un organisme patriarcal et le met en péril, et voyons comment l’organisme répond à cette menace ». Une plongée intrigante dans l’obscurantisme contemporain.
Une lutte des corps et des esprits. Dans ce milieu très fermé des rites d’initiation à l’âge adulte, Trengove filme avec subtilité des personnages gays dans cet environnement foncièrement homophobe. Le cinéaste fait un film violent, sans artifice, par la seule force de son sujet où les tabous poussent vers des extrémités et où les victimes sont aussi les bourreaux.
Une mise en scène des regards. La caméra est souvent proche des visages des acteurs afin de capter les non-dits. Dans Les Initiés, il ne se passe pas grand chose à l’image et tout le talent du réalisateur consiste à faire ressortir l’invisible. Un exercice des plus périlleux, heureusement le cinéaste s’en tire admirablement bien.