Les Cyclades voit Marc Fitoussi revenir, à la comédie féminine colorée, sûrement ce qu’il sait faire de mieux.
Les Cyclades suit ainsi l’inégal Les Apparences, où Marc Fitoussi se la jouait Claude Chabrol dans un drame sur la bourgeoisie aussi froid qu’attendu. Mais le metteur en scène ne s’est jamais avéré aussi bon que lorsqu’il croquait des portraits de femmes hautes en couleur dans des comédies aussi légères que réussies, de Pauline détective, Copacabana à La Ritournelle. Pour Les Cyclades, Marc Fitoussi a ainsi eu cette volonté d’un buddy movie au féminin, genre typiquement habité par les duos d’acteurs dont les exemples pour l’autre sexe s’avèrent bien plus maigres. Et au vu de la réussite totale, aussi rafraichissante qu’enlevée qu’est Les Cyclades, on ne peut retirer au metteur en scène son ambition, lui permettant au passage de signer l’un de ses meilleurs films.
Top-Copines
Blandine (Olivia Côte) ne s’est jamais remise de sa séparation. Deux années de dépression, de solitude, et voilà que son fils se met en tête de la faire renouer avec sa meilleure amie d’enfance, la rayonnante Magalie (Laure Calamy) pour qu’elle réalisent ensemble leur rêve d’adolescentes : aller en Grèce, sur l’ile ou a été tourné Le Grand Bleu. Les Cyclades n’est ainsi pas qu’une comédie de vacances simpliste où deux personnages diamétralement opposées affronteront leurs points de vues, mais s’avère être une grande et belle aventure au féminin, où les personnages ne sont jamais ce qu’ils prétendent être. Marc Fitoussi relit ainsi tous ses itérations féminines pour en livrer une sorte de synthèse du meilleur de son cinéma, habitée par les prestations éblouissantes de Laure Calamy, Olivia Côte et Kristin Scott-Thomas.
D’apparence légère et doté d’une énergie communicative salutaire, Les Cyclades se paye même le luxe de redonner un genre typiquement masculin, au détour de mots, de répliques et d’attitudes propres au buddy-movie ici brillamment remis à des personnages féminins. Souvent cantonnées au drame et aux personnages de mères au bout du rouleau, ici un vent de liberté salvateur résonne, comme pour mieux cacher les failles de portraits de femmes brillamment écrits. On rit ainsi beaucoup, comme pour mieux dépeindre les zones d’ombres d’un récit beaucoup moins léger qu’il n’y paraît. Le soleil de la Grèce éclaire ainsi des parts du récit bien plus sombres, toujours amenés avec une légèreté triomphante, qui apporte à ces Cyclades ce vent de liberté grisant.
L’île aux femmes
Les Cyclades a ainsi tout d’une thérapie bienfaisante sur l’acceptation de soi. Peu importe les corps, les âges, et les situations difficiles émaillant le quotidien, le film de Marc Fitoussi y met en avant une sororité triomphante, récemment observée dans le très beau Annie Colère, toujours portée par la décidemment formidable Laure Calamy. L’actrice semble ainsi creuser un sillon très intéressant depuis Antoinette dans les Cévennes de personnages féminins s’affranchissant du masculin pour épouser des destinées de femmes libres, fortes et indépendantes ayant choisi de ne plus jamais se soumettre aux règles. On est ainsi heureux de trouver une Kristin Scott-Thomas éloignée de rôles froids et tragiques, tandis qu’Olivia Côte prouve ici une fois de plus son immense talent.
Les Cyclades laisse ainsi derrière lui un goût de liberté contagieux, libertaire et bénéfique, d’un genre brillamment relu au féminin pour le meilleur de ce que la comédie et son metteur en scène savent proposer de plus abouti. On ne saurait donc vous proposer, en ces temps toujours plus mornes et incertains, d’aller vous exposer au soleil des Cyclades, et d’en capter toute l’énergie communicative d’une comédie au féminin qui n’attendent plus personne pour s’affirmer, nous émerveiller et nous enthousiasmer. Une virée entre copines qui ne laissera personne de marbre, dont la lumière illuminera même les plus pessimistes.
Les Cyclades est sorti le 11 janvier 2023.
Avis
Les Cyclades voit Marc Fitoussi revenir à ce qu'il sait faire de mieux : la comédie féminine enlevée et haute en couleurs. En plus de signer l'un de ses meilleurs longs-métrages, le réalisateur se paye même le luxe de relire le genre très masculin du buddy-movie pour mettre en lumière une comédie aussi lumineuse qu'à l'énergie contagieuse, portée par un trio d'actrices géniales.