Le Secret de la cité perdue rejoint les blockbusters d’aventure sans saveur déclinés en produit à la pelle ces derniers mois, entre Jungle Cruise et Uncharted.
Le Secret de la cité perdue décline le film d’aventures à la formule hollywoodienne actuelle, avec supplément sans âme. Autour de Sandra Bullock, actrice bankable proposée sous toutes les formes, du drame oscarisable The Blind Side au film d’horreur bas du front Bird Box, l’actrice oscarisée appose son nom comme un ingrédient parmi tant d’autres de projets qui n’ont hélas plus rien d’artistique. Ici créditée comme productrice aux côtés de Seth Gordon, scénariste des autres recettes gagnantes Baywatch et Comment tuer son boss ?, c’est le film d’aventures qui passe ici à la moulinette des billets verts, juste après de fades exemples faisant dire que depuis les grands The Lost City of Z, Indiana Jones et autres À la poursuite du diamant vert, plus rien n’a bougé.
Exotique et toc
Le Secret de la cité perdue n’aurait ainsi pu être qu’un produit inoffensif et efficace rejouant la carte du film d’aventures, genre quelque peu désuet dans un paysage actuel peuplé de super-héros et de films d’horreur franchisés. Malheureusement, le film d’Aaron et Adam Nee passe juste après le Jungle Cruise de Disney et l’Uncharted de Sony, deux fades exemples de remise au goût du jour sans âme du genre, pourtant tous deux forts de succès incontestables. Et malgré le talent de Channing Tatum pour la comédie, un caméo vraiment amusant de Brad Pitt et l’envie de Sandra Bullock d’apporter une prestation de femme solitaire et endeuillée pour corser le tout, rien n’y fait : Le Secret de la cité perdue n’a aucun véritable goût.
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On y retrouve donc Sandra Bullock en autrice en panne d’inspiration et en deuil censée terminer le dernier volet d’une franchise littéraire à succès mettant en scène un aventurier (Channing Tatum, mannequin juste pour les couvertures) sur fond de roman à l’eau de rose. Après une promotion ratée et pas hilarante pour un sou (le mannequin porte une perruque et Sandra Bullock est gênée par sa combinaison moulante pailletée coincée dans son postérieur), l’autrice à succès se fait enlever par un milliardaire (Daniel Radcliffe) qui voit en elle la clé pour déchiffrer un code l’emmenant vers un trésor. Ce dernier, amateur de prestations déjantées censées faire oublier son rôle de sorcier, est ici insipide, même en cabotinant jusqu’à n’en plus pouvoir, rejoignant les fades antagonistes vus chez la concurrence, notamment du Antonio Banderas de Uncharted, qui possède quasiment les mêmes caractéristiques.
En GPS vers l’île perdue
Que reste t-il alors à ce projet ultra-marketé et ultra-téléphoné semblant rappeler de fades productions récentes ? Et bien, pas grand chose. Le Secret de la cité perdue tient pourtant étonnamment bien son rythme durant ses presque deux heures de métrage. Si la meilleure idée du projet, et les seuls instants de réel intérêt semblent venir du caméo d’un Brad Pitt venu jouer les redoutables et imbattables héros d’action, nos deux acteurs de comédie pataugent dans une histoire d’amour déjà vue mille fois et en mieux ailleurs, comme le peu d’exotisme et d’action que le scénario de Dana Fox, Aaron Nee, Adam Nee et Oren Uziel. Pourtant, il y avait tant de pistes à creuser dans ce blockbuster en pilote automatique.
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Le côté méta, que les grosses productions actuelles n’ont eu aucun scrupule à souiller depuis quelques années aurait ainsi pu être plus recherché, d’une autrice jeté dans son univers comme l’accent comique porté sur ce mannequin porté par Channing Tatum et ses phobies, qui ne tiennent que jusqu’au moment où le film n’a plus rien d’autre à raconter qu’une love-story stérile. Malheureusement, il n’en est rien d’autre qu’un produit factice, une illusion de film d’aventures ici délivrée comme un colorant artificiel au parfum exotique qui ne peut cacher ses nombreux ingrédients chimiques pour tenter d’apporter une quelconque saveur. Qui ne se fait jamais sentir.
Le Secret de la cité perdue est sorti le 20 avril 2022.
Avis
Le Secret de la cité perdue passe après Jungle Cruise et Uncharted au rayon des films d'aventures sans âme déclinés comme de simples produits d'appel. Rien d'autre à signaler pour ce produit calibré, vide et sans âme, dont la seule bonne idée vient d'un caméo de Brad Pitt qui ne dure qu'une dizaine de minutes. Sur deux heures de métrage, et malgré une volonté de rendre le tout divertissant, la formule ne parvient jamais à être autre qu'artificielle.