Quatre ans après le César du meilleur premier film pour Les Magnétiques, Le Roi Soleil est le nouveau film de Vincent Maël Cardona présenté en Séance de Minuit au Festival de Cannes. En partant d’un ticket de loterie gagnant, ce huis-clos en PMU prend une tournure à la fois fun et sociale.
Les Magnétiques avait su se faire remarquer via son script malin et le savoir-faire de Vincent Maël Cardona. Le voici de retour avec Le Roi Soleil, un huis-clos pas comme les autres ! Présenté au Festival de Cannes en hors-compétition, le film débute de manière surprenante, alors qu’un jeune loup de la finance s’amuse à un monologue explicitant les vertus (et le revers) de la pyramide sociale.

Une vraie note d’intention en guise d’intro (et dont on trouvera un un autre écho lors de l’épilogue), alors qu’un trader bien imbu de sa personne crache ses vérités à un bleu-bite : l’argent fait le pouvoir, et celui qui en a le plus a tous les droits ! Un mantra immédiatement illustré par un passage où le personnage urine dans la chambre royale du Palais, avant de fuir.
Un ticket de loto entre dans un bar
C’est à ce moment là que Le Roi Soleil réunit plusieurs autres personnages dans PMU aux aurores (2 flics, le tenancier du bar et sa fille étudiante, un retraité..). Un matin comme un autre, alors qu’une personne âgée découvre qu’il tient un ticket de loterie gagnant. Un évènement déclencheur qui v faire effet boule de neige et contaminer la psyché de tous les pions en place.

Oubli du ticket sur le comptoir, dissimulation, meurtre accidentel, nécessité de dissimuler le corps et d’emprisonner le responsable à la cave… le spectre de Parasite pourrait n’être pas loin (toutes mesures gardées), mais Vincent Maël Cardona élude assez rapidement tout commentaire social pour orchestrer un jeu de massacre ludique.
Dommage donc, malgré la note d’intention initiale. Pour autant, Le Roi Soleil flirte avec cette dimension lors de rares instants impliquant le duo de flics joué par Pio Marmaï et Sofiane (tous deux solides dans leur rôle et les plus proactifs du casting), ou encore la relation dominant-dominé entretenue entre le gérant du bar et la propriétaire des lieux (Maria de Meideros qu’on apprécie détester) via un racisme décomplexé.
Scénario à tiroirs
Pou le reste, la construction narrative de Le Roi Soleil expurge globalement ces aspects-là, alors que la trame est avant tout drivée par un suspense latent. Qui va s’en sortir avec le fameux ticket de loto ? Commet échapper à l’inspection de la propriétaire ? Quel scénario élaborer ensemble face à la police ?

Le film a d’ailleurs la bonne idée d’opérer quelques pas de côté en déroulant des segments « what if » imagés de ce que leur plan et leur possible témoignage donnerait. Des ruptures qui pourraient empiéter sur le rythme central, mais Le Roi Soleil ne dévie jamais de son objectif, aidé d’une mise en scène certes sans grandes fulgurances, mais toujours travaillée.
On regrettera sans doute un focus inégal des divers personnages (Panayotis Pascot et Joseph Olivennes deviennent vite passifs), tandis que la talentueuse Lucie Zhang (révélation de Les Olympiades) se veut réellement l’actrice qui domine la distribution. Mais en l’état, Le Roi Soleil s’articule comme une proposition aussi humble que réjouissante, ayant le mérite d’offrir un regard désabusé sur le principe même de la loterie (utilisé comme une arme socio-économique), à défaut de transcender ses intentions !
Le Roi Soleil sortira au cinéma le 27 août 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Même s'il amoindrit toute velléité de satire sociale à mi-chemin, Le Roi Soleil s'articule comme un huis-clos aussi réjouissant que bien tenu, porté par un casting impliqué et une fabrication sans fausse note. Pas de quoi transcender son postulat de base, mais une proposition qui ne dévie jamais de son objectif !