Le roi des pâquerettes est le récit de la fabuleuse aventure de la traversée de la Manche par un pionnier de l’aviation.
Le roi des pâquerettes est une aventure humaine et historique, drôle et instructive qui nous presque complètement convaincus.
Le décor et les costumes nous plongent tout de suite dans l’ambiance. Nous sommes en 1909, à Calais, dans une chambre d’hôtel où Louis Blériot s’apprête à relever un défi historique. En effet, cet industriel passionné d’aviation s’apprête à traverser la Manche en aéroplane. Mais, à quelques heures du grand départ, rien ne va se passer comme prévu…
Une nuit sous hautes turbulences !
Blériot veut être le premier homme à réaliser un vol mécanique au-dessus de la mer. Mais pour celui que l’on surnomme « l’homme qui tombe toujours » du fait de ses 31 chutes, la pression est féroce. Aussi, entre sa blessure à la cheville, la météo capricieuse, des problèmes mécaniques et l’assurance de son concurrent, le roi des pâquerettes est sur le point de tout envoyer en l’air… sauf son avion !
Mais c’est sans compte sur le soutien indéfectible de sa femme, Alicia, qui l’accompagne de concours en meetings, prête à tout ou presque pour qu’il ne renonce pas à son ambition, à son rêve. On savoure d’ailleurs un joli moment de complicité entre eux lorsqu’elle se met dans la peau d’une journaliste qui l’interview. Interprété par Lauriane Lacaze, ce personnage féminin incarne l’assurance et la stabilité au milieu d’hommes qui tendent à vaciller.
Entre drame et comédie
C’est donc dans leur chambre d’hôtel que nous passons une nuit agitée en compagnie de Louis Blériot, de sa femme… mais aussi de son vaillant mécanicien, d’un journaliste tout en fourberies et duplicité, et d’Hubert Latham, son rival. C’est notamment ce-dernier qui porte la dimension comique du spectacle.
En effet, savoureusement incarné par Emmanuel Gaury, ce Hubert « m’as-tu-vu » est une véritable caricature de lui-même. Un tempérament qui tranche totalement avec Blériot, ce visionnaire uniquement préoccupé par l’exploit qu’il veut accomplir. Et c’est à partir d’une violente dispute entre les deux hommes que l’interprétation de Maxence Gaillard nous a semblé gagner en authenticité et en nuances, donnant ainsi plus de profondeur au personnage.
Une pièce qui flirte parfois avec le boulevard
L’ensemble est dynamique, plein de vitalité, d’humour et d’élégance. Mais il nous a parfois manqué un peu de finesse et de précision, dans le jeu comme dans le texte. « Vous me réveillez au milieu de la nuit ! » à 23h30, bon, à la limite. Mais un « Je suis sûre que j’ai entendu frapper ! » un peu perplexe alors que l’on tambourine lourdement et longuement à la porte… C’est un peu lourd disons.
Il y a aussi cette scène de séduction tout en manipulation qui démarre plutôt bien entre Alicia et Hubert, caricaturée juste comme il faut… mais qui finit par se transformer en une chorégraphie un peu grotesque. B
Bon, rassurez-vous, il ne s’agit toutefois que de détails qui ne nous empêchent pas de passer un moment très plaisant et prenant. Jusqu’à une scène finale esthétique et bien pensée quoi qu’un peu longue, dont le format narratif laisse planer notre imagination et apporte un soupçon de l’émotion qui nous avait un peu manquée.
Le roi des pâquerettes, de Bérangère Gallot & Sophie Nicollas, mise en scène Benoît Lavigne, avec Maxence Gaillard, Emmanuel Gaury, Guillaume D’Harcourt, Lauriane Lacaze & Mathieu Rannou se joue jusqu’au 03 avril, du jeudi au samedi à 19 et les dimanches à 17h, au Théâtre de l’Oeuvre.
Avis
Bien que l'énergie l'emporte parfois sur la finesse, on embarque bien volontiers à bord de cette comédie humaine et historique, pour la première traversée de la Manche en aéroplane.