À l’antipode de certaines créations Netflix de cette année, Le Président Foudroyé est un drame historique rare. Brillant par sa distribution et ses décors, la mini-série cherche à raconter une histoire oubliée, celle du 20ᵉ président des États-Unis, assassiné après quelques mois au pouvoir.
Présentée comme “l’histoire vraie de deux hommes que le monde a oubliés”, Le Président Foudroyé (ou Death By Lightning en VO) est la nouvelle mini-série de Netflix. Écrite pour la télévision par Mike Makowsky, et réalisée par Matt Ross. Dans une œuvre qui ne cherche pas à s’étirer, on découvre l’histoire du président James Garfield et de son assassin Charles Guiteau. Un récit commun, peu fréquent.

James Garfield, interprété par Michael Shannon, est un sénateur et père de famille honnête. Alors qu’il pousse pour faire élire le candidat William Sherman, son discours et sa personnalité convainquent le parti républicain de l’élire lui, et devient le candidat du compromis, contre son gré. Au même moment, Charles Guiteau, joué par Matthew Macfadyen, est un menteur et imposteur qui cherche à survivre. Il va ainsi prendre la route de l’Ohio pour gravir les échelons, en essayant de rentrer en politique.
Au cœur de la politique américaine
Même si le genre du biopic ou de la politique ne vous intéresse pas, Le Président Foudroyé saura vous plaire par son ambiance et le ton narratif qu’il emploie. Sans tomber dans la caricature ni dans le patriotisme, l’œuvre réussit à retranscrire une ambiance fidèle et immergeante. Les costumes, les acteurs, tout est réussi pour planter un décor du 19ᵉ siècle. Le rythme est travaillé afin que ces 4 épisodes de moins de quatre heures s’écoulent sans qu’on les voie.

Bien plus qu’une histoire vraie, le programme cherche aussi à nous montrer les engrenages de la politique, ses failles, ses alliances, avec quelques touches d’humour parfois. Dans un House of Cards du 19ᵉ siècle, nous sommes plongés dans une époque politique en reconstruction, divisée entre le progressisme et la vision républicaine des États-Unis. C’est ce déséquilibre chez Garfield qui va lui apporter des problèmes, ne sachant jamais sur quel pied danser.
Si les nombreux sénateurs et figures politiques secondaires sont difficiles à cerner car très souvent ambivalentes, Garfield, lui, représente le président américain idéal. Sans aucune alliance, le fermier cherche à mener une politique égalitaire, à devenir un symbole d’espoir pour le peuple, une figure qui le dépasse parfois. Sans s’être vraiment présenté, James Garfield a pris le pouvoir en étant propulsé par le Parti républicain. De l’ombre à la lumière, il est aussi vu comme un homme manipulable et encore timide devant une telle popularité.
Une distribution foudroyante
La grande qualité de ce projet passe par son casting, et la direction du réalisateur. Michael Shannon, Matthew Macfadyen, Nick Offerman ou encore Bradley Whitford, la distribution cinq étoiles se donnent à fond pour interpréter leurs personnages, les comédiens signent un panorama talentueux, mais aussi réaliste, par leurs accents, leur manière de jouer. Betty Gilpin s’accorde quant à elle au rôle du renfort féminin, celui de l’épouse du président toujours là pour le soutenir. L’actrice a quelques scènes où elles peux vraiment se faire remarquer, des scènes de pouvoir où la femme montre ce qu’elle a dans le ventre (Oui, on n’échappe pas à quelques clichés d’écriture quand même, mais bon).

Le pari de cette production Netflix est de raconter une histoire avec un croisement de points de vue. Michael Shannon porte avec brio et charisme le rôle du président, dont on sent une fragilité, un besoin de s’appuyer sur sa famille, de revenir chez lui. Un désir brûlant de ne pas sombrer dans les vices que lui apporte ce pouvoir, et se rappeler qui il est. On parle ici de la violence du pouvoir, des alliances, ça peut faire tourner la tête du spectateur, mais la forme est réussie.
Pour Matthew Macfadyen, l’acteur britannique arrive à s’intégrer parfaitement et à délivrer une performance au-dessus des autres. Celle d’un rejeté de la société, qui cherche à devenir quelqu’un, à se laver de l’image qu’on lui accorde, et à gravir les échelons. On le voit monter, puis chuter parfois. Mike Makowsky ne tombe pas dans la facilité et n’essaye pas d’expliquer ou de pardonner les actes du meurtrier. Simplement délivrer un récit historique, entre l’apogée d’un président, qui croise la route d’un homme en désarroi, symbole d’une nation délaissée.
Pourquoi Le Président Foudroyé est si important ?
Président pendant seulement 200 jours, on connaît déjà la finalité du destin tragique de Garfield. Alors pourquoi le raconter ? Pour le devoir de mémoire. Le souvenir, l’importance de faire quelque chose de bien est ce qui anime nos deux personnages, et les rassemble. Si le dénouement est funeste, il est intéressant de voir comment les deux en sont arrivés là. C’est aujourd’hui le triste constat que fait le projet : l’histoire a quasiment oublié le nom de ces deux hommes. Une histoire si étonnante que tragique, qui prend encore sens aujourd’hui.

Tournée dans un contexte historique étrange aux États-Unis, après la tentative d’assassinat du président Donald Trump, la création prend une dimension intemporelle et critique du fonctionnement américain. Les deux étant des personnages républicains, on s’interroge forcément sur ce climat de tensions, de trahisons, qui constitue encore actuellement les réformes et le fonctionnement du gouvernement actuel. Cette vision de la politique n’échappe pas aux comparaisons actuelles, aux enjeux contemporains. Et c’est ce qui est recherché.
Le Président Foudroyé remporte nos voix
Bien plus qu’un drame politique, Le Président Foudroyé est une mini-série intrigante autour d’un épisode évanescent de l’histoire des États-Unis. Le scénariste américain signe sa première série, qui est une réussite incontestable grâce à sa distribution et ses décors. Bien que le programme nous présente de nombreux personnages à la fois, le spectateur est tout de suite immergé, du générique jusqu’à la conclusion finale. Makowsky dépeint une nation frappée par la foudre de la mort de leur président, vue par des classes sociales élevées, où tout n’est que pion sur un grand plateau de jeu. On en ressort cultivé, impressionné. Le genre de programme qui fait du bien au catalogue Netflix. Une mini-série en quatre épisodes à ne pas rater !
Le Président Foudroyé est disponible sur Netflix depuis le 7 novembre 2026.
AVIS
Un drame historique comme on les aime. L'ambiance fonctionne à merveille, couronnée par une distribution de grands talents. Une mini-série importante sur l'histoire d'un président méconnu.

