Les fans de polars ont sans doute remarqué cette nouveauté polonaise sur Netflix. Apparu sur la plateforme le 22 avril dernier, Le fléau de Breslau propose une enquête sanglante dans la lignée des Rivières Pourpres ou de Seven. Affichant un humour et un sens du trash très « Europe de l’Est », l’oeuvre se révèle sans grande surprise mais énergique et plaisante à suivre.
Sorti en 2018, ce film retrace l’histoire d’un criminel suivant le schéma d’une série de meurtres perpétrés au Moyen-Age. Patryk Vega, son réalisateur, peut se vanter d’avoir bouclé son tournage en 18 jours. À seulement 43 ans, celui-ci cumule déjà 16 films en tant que scénariste ou réalisateur. Le fléau de Breslau s’inscrit dans la lignée de ses œuvres dramatiques et policières telles que Pitbull et fait honneur au genre. Cynique, décalé et hyper dynamique, ce film aux allures de déjà-vu trouve sa force dans son caractère très gore et ses touches d’humour bien placées.
Déchainement de violence à l’ancienne
En Europe de l’Est, quand il s’agit de violence, il semblerait qu’on ne fasse pas les choses à moitié. Quand certaines productions américaines peuvent avoir tendance à couper les séquences ultra violentes, Le fléau de Breslau ne se donne pas cette peine. Âmes sensibles, s’abstenir ! Les amateurs d’images gores devraient trouver leur compte dans ce déferlement de meurtres dégoulinants qui s’enchainent pendant une heure et demie.
Un homme écartelé, une femme brûlée vive, un autre cousu vivant dans une peau de bête rétrécissant au soleil… Digne héritier de l’excellent Seven de David Fincher, ce long-métrage respecte la logique du film à énigmes. Une fois le fonctionnement du tueur repéré, celui-ci dévoile son identité et la course poursuite démarre. Les connaisseurs ne seront donc pas étonnés par les étapes de l’oeuvre mais pourront se délecter d’un élément rarement exploité auparavant.
C’est une fille !
Enfin une tueuse sanguinaire ! Saw, Da Vinci Code, Dragon Rouge… Autant de criminels masculins ou organisés en groupe d’assassins mais pas de meurtrière seule aux commandes. Le septième art regorge pourtant de criminelles. La plupart du temps vêtues de robes moulantes façon femme fatale, celles-ci diluent un poison dans une coupe de champagne ou attrapent un pic à glace de sous leur lit.
On assiste ici au contraire, derrière « la semaine des damnés » se cache une justicière sociale, excédée par la corruption qui ronge son pays de l’intérieur. Ce choix scénaristique représente, à coup sûr, l’un des plus gros atouts de l’oeuvre. Loin d’être endimanchée pour assassiner un quelconque homme d’affaires ou baron de la drogue, elle décide d’employer des méthodes qui n’ont rien de sexy. Pour le plus grand plaisir des spectateurs !
Le fléau de Breslau : des femmes badass
Notons par ailleurs que le film fait la part belle aux personnages féminins, tous bien interprétés. L’enquêtrice désabusée, la midinette se voulant grand reporter… toutes inspirent immédiatement l’incompréhension ou la sympathie du spectateur mais ne peuvent le laisser indifférent. Mention spéciale peut-être à Helena Rus, en charge de l’affaire sur le terrain. Entre sa coupe de cheveux, tout sauf pratique pour une course poursuite et sa posture désinvolte, difficile de l’apprécier du premier coup. L’air constamment fatiguée, elle correspond parfaitement à l’image que l’on peut se faire de cette femme, dont le fiancé a été tué par un politique impuni.
En acquérant ce film, Netflix a le mérite de remettre le cinéma polonais sur le devant de la scène. Destination touristique de plus en plus prisée, ce pays demeure le berceau d’Andrzej Wajda et de Roman Polanski. Le fléau de Breslau, sorti en 2018, constitue un bon film contemporain, mêlant action, policier et gore.