Le Dernier Voyage marque une réelle belle promesse de science-fiction à la française. Doté de visuels ambitieux, le premier long-métrage de Romain Quirot pêche cependant au niveau du scénario.
Le Dernier Voyage offrait au travers de ses premiers visuels une réelle belle promesse d’évasion au sein d’un cinéma français auquel on reprochait (parfois à raison) l’étroitesse de sa proposition. Romain Quirot, célébré dans moults festivals pour le court-métrage dont Le Dernier Voyage se trouve être tiré, embarque donc Hugo Becker, Paul Hamy, Jean Reno, Bruno Lochet et Philippe Katerine dans un monde post-apocalyptique où une immense Lune rouge menace de détruire la Terre. Une promesse aussi alléchante que malheureusement réduite, qui s’épuise durant son heure et demie à capitaliser sur un scénario minuscule.
Voyage familial
Parce que Romain Quirot propose dès les premières minutes de son Dernier Voyage un cocktail audacieux, entre Le Petit Prince, l’univers de Neil Blomkamp et une nostalgie 80’s savamment dosée. Les décors proposés sont beaux et prenants, et l’on ne saurait ainsi se plaindre d’y trouver les charismatiques Hugo Becker, Paul Hamy et Jean Reno (clin d’œil au Dernier Combat d’un certain Luc Besson ?) en trio familial dysfonctionnel. Cependant, et c’est là où le bas blesse, Romain Quirot étire jusqu’à l’overdose un trauma familial qui sert d’unique fil conducteur à un récit aussi décousu que redondant.
Rien ne nous est ainsi épargné, des inévitables flashbacks en noir et blanc aux mines prostrées de personnages sonnant malheureusement creux, qui ne servent hélas que d’incarnations aussi belles que vides à un cinéaste qui se regarde hélas (beaucoup) trop filmer. Tout est ainsi pensé dans Le Dernier Voyage comme une démonstration de mise en scène d’un cinéaste appliqué qui oublie d’insuffler le même soin à son récit, faisant irrémédiablement coller au ras du bitume cette envolée qui n’aura hélas jamais lieu.
Sans étoiles
On se plairait ainsi à résumer Le Dernier Voyage comme une ballade factice et dénuée de véritable prétexte, illustrant une fuite vers le vide aux dialogues empesés rompant net avec les ambitions de son réalisateur. Si le format court permettait à Romain Quirot de tenir sur une durée réduite sa proposition de SF sur un scénario rectiligne, le passage au long se fait ravageur pour un projet qui n’a hélas, au-delà de son univers, que trop peu à raconter.
Jamais rien n’impressionne ainsi que ces décors où les personnages semblent errer comme des âmes en peine, sans véritable direction. Perdus et livrés à eux-mêmes dans une machinerie aussi fragile que décevante, Le Dernier Voyage rejoint ainsi nombre de films d’auteurs français nombrilistes ayant fait le choix du trauma familial comme seul vecteur émotionnel (coucou ADN). Dommage que cette mauvaise tambouille se trouve raccrochée à une ambitieuse promesse de SF, qui vole hélas bien trop près du sol pour nous faire véritablement voyager.