Dans les sorties Blu-Ray/DVD de chez Sidonis Calysta, il y a l’inévitable catégorie du film noir. Genre phare des 1940-50 à Hollywood, il a propulsé des acteurs tels qu’Humphrey Bogart vers la stratosphère cinématographique, ainsi que certains de ses réalisateurs comme John Huston ou encore Billy Wilder. Aujourd’hui, on vous propose une petite rareté, le Dénonciateur, un long-métrage de 1949 sans grande vedette mais néanmoins étonnant.
Le Dénonciateur propose le récit d’un ancien soldat américain infiltré en Italie, qui pendant la seconde guerre mondiale a perdu sa compagne italienne (une aristocrate locale), tuée par les Allemands. Il en est certain : il a été trahi. Quelques années après la fin de la guerre, un tableau dont il était le seul à connaitre l’existence, refait surface, ce qui le pousse à revenir en Italie pour découvrir le traitre.
Une histoire palpitante
Tel un livre d’Agatha Christie, Le Dénonciateur est un film d’enquête où tout le monde a un secret. L’Américain interprété par Alan Ladd se retrouve en territoire hostile après qu’il découvre que par sa faute, une grande partie de la population du village a été liquidé par les Allemands en représailles. De plus, l’histoire se corse quand il découvre que son ex-compagne prétendue morte est en fait bien en vie et dorénavant mariée à un aristocrate. Rien ne va donc pour lui, mais comme d’habitude dans le genre du film noir, les héros sont prêts à tout pour découvrir la vérité.
Riche en rebondissements, l’histoire tient le spectateur en haleine tout le long. Certains instants sont tissés d’un fil rouge quelque peu visible, mais généralement le récit est structuré avec rigueur. Cette dernière caractéristique est peut-être ce qui définit le plus clairement le Dénonciateur. C’est un film rigoureux à tous les niveaux avec la mise en scène de Mitchell Leisen qui n’a rien de particulièrement bluffante, mais qui remplit le contrat avec efficacité et parfois avec de belles idées en terme d’esthétique estampillée « film noir » (jeu d’ombres et de contrastes). Quant au casting, il est de bonne facture avec Alan Ladd en tête (L’Homme des vallées perdues) pour interpréter le soldat. Sans avoir le charisme déconcertant d’un Humphrey Bogart pour aligner les répliques, il est parfaitement crédible dans son rôle.
Vision américaine de l’Italie
Comme toute œuvre, elle s’inscrit dans son temps et révèle une vision américaine très moralisatrice assez courante à cette époque. Sans que cela pose véritablement souci à l’histoire, il est toujours amusant de remarquer à quel point les Italiens sont dépeints comme un peuple avec une morale dépassée, prêt à lyncher une personne sans preuve, tandis que les Américains incarnent la liberté et les valeurs modernes. Ce qui pourrait être un défaut de nos jours n’en est pas moins une qualité, car il permet au spectateur d’appréhender une époque par ses codes inconscients qui sont présents tout le long du récit.
De plus, le Dénonciateur demeure pertinent dans sa description de la lutte des classes sociales – entre le peuple du village et la noblesse locale – et montre comment les puissants manipulent l’information (et son peuple) afin d’en tirer un profit purement égoïste et personnel. De plus, il dépeint avec habilité un climat d’après guerre tendu entre ceux qui ont soutenu les mouvements fascistes et qui tentent de se faire oublier et ceux qui ont résisté. Le scénario réussit à trouver un équilibre pour aborder ces différents sujets, ce qui fait de ce dernier la plus grande force du long-métrage.
Finalement, on peut le dire sans mal : le Dénonciateur n’est pas un grand film du genre. Néanmoins, pour tous les amateurs, le long-métrage se révèle très plaisant à découvrir, aussi bien du fait de son récit impeccablement raconté ou encore pour son esthétique soignée avec de temps à autre de belles idées de composition. Une petite rareté pour développer sa cinéphilie en dehors des classiques !