La première saison de Lastman nous avait collé une méchante claque et la saison 2, intitulée Lastman Heroes, s’annonce tout aussi percutante, encore plus maîtrisée. Un bijou.
10 ans après la disparition de Siri, Aldana n’est plus que l’ombre du boxeur qu’il était. Mais un drame va le repousser sur le ring alors même que la Vallée des Rois ne cesse de le hanter. La plateforme gratuite de France.tv, Slash, nous propose donc avec Lastman Heroes la suite de la mini-série animée de 2016, en changeant du tout au tout sa forme narrative, et son format sériel. Un renouveau pour mieux développer un propos adulte et délicieusement régressif, sublimé par une animation magistrale.
Toujours adaptée (indirectement puisqu’il s’agit d’un préquel) des mangas de Balak et de Bastien Vives, la série développe l’histoire initiée précédemment en plongeant les personnages une décennie plus tard, soit peu de temps avant les évènements peints dans la série papier. Grâce au financement participatif et au soutien indéfectible des studios Everybody on Deck et Je suis bien content, voilà donc une nouvelle (mais familière) tarte dans la tronche dont on peut se réjouir du retour, qui, attention, n’est pas pour les enfants (d’où une diffusion à partir de 22h sur Slash). Une claque on vous dit.
Tu te bats comme une quiche !
Forcément, nous n’avons eu accès qu’aux trois premiers épisodes, donc impossible de se faire une idée précise de l’entièreté de ce nouveau monument de l’animation française. Pourtant, on ne se fait pas d’illusions puisque cette mi-saison, oui, elle ne comportera que six épisodes, est déjà phénoménale. Tant dans son approche narrative, radicalement différente de la première saison, que dans son traitement graphique, Lastman Heroes est véritablement l’une des plus belles séries d’animation de chez nous. Et on le clame, haut et fort.
Ainsi, exit les 26 épisodes de 10 minutes et bonjour les 6 épisodes de 45 minutes. Un chamboulement total, surtout que l’on frôle ici le format anthologique puisque chacun des épisodes se focalise sur un personnage spécifique. Certains gravitent autours et s’invitent dans une narration post-moderne, qui revient, repart et s’articule indépendamment de son développement global pour mieux cerner les enjeux personnels de Richard Aldana, Tomie Katana ou Harry Zenkova. Une belle brochette de bras cassés, pauvres loosers perdus dans une ville tentaculaires et en proie à une drogue plutôt vénère, au parcours pourtant étonnement similaire, et qui croiseront la route de têtes connues issues de la première saison et même certains que l’on ne rencontrera que bien plus tard dans le manga. De quoi soulever des points scénaristiques intéressants comme la corruption des élus, l’addiction, le deuil, l’amour ou juste le goût pour les patates dans la face. Ça marche aussi.
On retrouvera donc les protagonistes qui nous sont chers, qui ne seraient rien sans leurs merveilleux doubleurs. Martial Le Minoux, Barbara Beretta ou Damien Ferette pour ne citer qu’eux, donnent plus que jamais corps à leurs alter-egos animés, bien secondés par la délicate musique de Fred Avril et Philippe Monthaye. Une douce nostalgie nous emporte alors, bien vite dévorée par les dialectes pleins d’argot et de noms d’oiseaux qui s’allient parfaitement au traitement doucereux d’une animation parfaite, statique et contemplative (les dessins des paysages sont magnifiques) mais également d’une violence incommensurable lorsque des séquences de démontage de rotules s’enclenchent avec passion, sur le ring ou dans les rues mal-famées de Paxtown.
En bref, les cinq épisodes de Lastman Heroes sont disponibles dès aujourd’hui et on ne saurait que trop vous conseiller de vous faire un petit kiff pendant ce long week-end d’Halloween. Pur plaisir régressif bien référencé aux buddymovies des 80’s en même temps qu’une oeuvre sociale et fantastique, c’est clairement la mini-série à ne pas manquer.
Lastman Heroes est disponible sur France.tv Slash.
Avis
Toujours aussi exquise mais beaucoup plus généreuse que la première saison, Lastman Heroes nous offre une nouvelle mandale tant dans son récit drôle, féroce et rageur que dans son animation délectable.