Une caméra volatile traverse une file de voitures embouteillées sous le soleil brûlant de Los Angeles. Soudain, un air de salsa grandissant pousse les conducteurs à interpréter une danse et un chant endiablés. En un plan d’ouverture grandiose, La La Land cristallise tout un pan de l’âge d’or de la comédie musicale dans un cadre moderne qui lui redonne paradoxalement son écrin et son irrésistible essence.
Un film de doux rêveur. Négatif parfait au sombre Whiplash, La La Land impose Damien Chazelle comme un cinéaste d’envergure. En pleine maitrise de ses outils, il orchestre une douce rêverie musicale où le poids des références fait partie intégrante de l’expérience. Les partitions musicales sont mémorables, délivrées par deux interprètes au charme étincelant.
Une œuvre plus cohérente qu’il n’y paraît. Centré sur un duo de doux rêveurs qui voit passer les saisons avec une revigorante allégresse, le film suit un mouvement qui va decrescendo dans sa flamboyance. Par cette astuce, Chazelle excède le cadre de l’hommage ciré afin de faire naitre une mélancolie inattendue. Dans les derniers instants, on sort en douceur, une larme à l’œil, du projet de passion d’un jeune prodige.