Sans grande hype, on a terminé La Casa de Papel qui concluait sa saison 5 en grande pompe, tous les potards tournés à fond.
Pris au piège de la Banque d’Espagne et doublés par d’autres voleurs, nos braqueurs vêtus de rouge entament un dernier bras de fer avec les autorités. Alors que la précédente partie (notre critique) s’apparentait à un baroud d’honneur pour tout donner, ces ultimes épisodes de la Casa de Papel ressemblent à d’interminables adieux. C’est pas trop tôt.

On entend d’ici les rageux pester « oui mais ça fait 3 semaines que c’est diffusé nanani nanana ». Oui bah on voulait garder le suspense et les costumes rouge de Dali pour les fêtes, histoire de décompresser et se rétablir d’une gueule de bois familiale sans trop forcer. Mais pareil à un film de Noël, c’étaient plutôt les violons qui étaient de sortie pour conclure le show de Alex Piña. Mauvais bail.
Sayonara
Voilà comment Tokyo aurait pu conclure sa narration en voix-off. Sauf qu’évidemment, spin-off et prequels se profilent déjà pour faire perdurer l’esprit bon enfant d’une série qui n’aura eu de cesse de se parjurer pour finalement tomber dans une caricature grossière de ce qu’elle proposait initialement. On a regardé les deux tout premiers épisodes pour comparer un peu les différences narratives et de mise en scène et en effet, il fallait que la Casa de Papel tourne la page. Image très saturée pour éteindre l’aspect thriller initial, lense flares parce que pourquoi pas, explosions à gogo, ralentis comme dans un clip de Jul, reprises musicales à faire saigner les oreilles, revirements scénaristiques improbables, du tout cuit.
Sans trop en dire, même si récemment le CM de Netflix se charge de nous balancer plusieurs spoilers pour punir les plus lambins de ses abonnés, disons qu’à l’instar d’un Ocean’s Eleven, ça se finit bien. Rideau. Sauf que pour parvenir à cette conclusion, tous les coups sont permis. Le Profesor, Alvaro Morte excellent au demeurant, nous sort de son chapeau une ultime pirouette destinée à faire plier le cours de Wall Street et, par extension, le gouvernement espagnol lui-même. Une partie d’échecs ahurissante de naïveté stupide, d’une en se jetant dans la gueule du loup sans garantie aucune, et de deux en parvenant à retourner la 12e puissance mondiale par un bon vieux chantage des familles et un hack monumental en deux clics.
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De même, les tensions entre les braqueurs s’atténuent d’elles même pour faire de cette saison 5 partie 2 de La Casa de Papel un épisode des bisounours où tout le monde se pardonne ses fautes dans une effusion nauséabonde de bons sentiments. Denver et Stockholm se rabibochent quand Rio fait son deuil en 5 minutes ou que l’inspectrice Sierra retourne sa veste pour rejoindre le camp des braqueurs. Heureusement qu’il n’y aura pas de nouvelle saison sinon el Profesor aurait été capable de retourner un autre flic easy peasy. Un bon braquage comme on les aime quoi.
Le pire reste cet épilogue mielleux. Pur happy-end qui frôle l’hallucination collective, cette envolée émotionnelle semble surtout hors de propos, comme un dénouement fantasmé par les mecs sur leur lit de mort. Sauf que non, c’eut été trop beau. Il s’agit bel et bien de faire verser aux afficionados leur petite larme et enchaîner sur le making-off de cette partie 2 pour voir le casting complet également fondre en larme. De même, l’intrigue du fils de Berlin prend ici tout son sens, du moins, offre un retournement de situation imprévisible et pourtant si désuet d’intérêt qu’on hésite même à épiloguer dessus. Trop tard. Heureusement que le sens de la famille prévaut une fois de plus, c’est tonton Toretto qui serait content.
Pourtant, si la caméra arrête complètement de se préoccuper de toute vraisemblance, de toute spatialité en filmant tout et n’importe quoi sous les pseudos considérations philosophiques de Tokyo, ces nouveaux épisodes de La Casa de Papel offrent une nouvelle perspective plus intime sur le Profesor. Des flashbacks pour une fois bienvenus qui permettent de mettre en lumière l’hérédité du voleur, sa prédestination à mettre en scène des braquages de haut vol. De quoi éclairer le protagoniste sous un nouveau jour, plus chaleureux et humain que le manipulateur de génie que nous connaissions. Ça, c’était bien vu, mais c’est quand même un peu mince.
Surabusée dans toutes les entreprises qu’elle mène pour clôturer son épopée, La Casa de Papel se termine avec un sobre « meh » avant qu’on ne passe à autre chose… dommage.