Un film de braquage danois, dans la ligné d’un Ocean’s Eleven, avec un Reda Kateb pour agrémenter le tout, que demander de plus ? C’est ce que nous propose L’ultime braquage. Mais parmi l’océan de production du genre, il faut savoir être original pour réussir son coup.
Réalisé par Frederik Louis Hviid et inspiré d’une histoire vraie, L’ultime braquage nous présente l’histoire de Kasper (interprété par Gustav Giese), apparemment un ancien braqueur s’entraînant pour devenir boxeur professionnel, ce qui lui permettrait de vivre sa vie en toute légalité. Mais il va être contacté par Slimani, dit « Le Marocain » (Reda Kateb), pour l’aider dans la conception du braquage qui serait le plus gros de l’histoire du Danemark : L’ultime braquage.

L’ultime braquage s’ouvre directement sur une séquence de casse, filmée intégralement en plan séquence depuis l’intérieur d’un fourgon blindé. On commence par voir les deux convoyeurs de fonds en pleine discussion, puis tout bascule. Les braqueurs arrivent, tentent de rentrer dans le fourgon, la tension monte, et la scène se termine avec la mort des deux convoyeurs, tués par nos cambrioleurs. Une violence crue et dure que l’on retrouvera dans le film, et qu’il est assez rare de retrouver dans ce genre de film, où elle a pourtant totalement sa place. Nous avons ici un personnage principal, celui de Slimani, qui est clairement un méchant, sans rien qui nous permette d’entrer en empathie avec lui. Un caractère que l’on retrouve peu dans le genre du film de braquage, notamment ceux venant des États-Unis, où l’on veut souvent avoir un ton plus léger.
La brutalité du braquage
Or dans L’ultime braquage, nous sommes sur une histoire vraie, on sent donc une envie de se rapprocher de la dureté de la réalité dans le film. Cette ambiance est bien évidemment appuyée par la photographie de Adam Wallensten (qui a notamment travaillé sur la série The Last of Us). Les couleurs sont froides, tirant du bleu glacial jusqu’au noir des plus sombres, et les lumières dures, cassants les visages, rajoutent vraiment à cette atmosphère pesante, presque étouffante.
L’ultime braquage est également marqué par le jeu des acteurs, et leur incarnation des personnages. Mention spécial à un Reda Kateb en toute sobriété, malgré quelques dialogues un peu pompeux. On échappe ici aux amitiés créées par l’aventure que serait le braquage, comme on pourrait le voir dans Heat (pour citer un autre film hollywoodien). On a dans ce film des relations professionnelles, logique pour des professionnels du grand banditisme. Cette envie de réalisme fait du bien, dans un genre qu’on a l’habitude de voir plutôt romantisé.

Mais à l’instar de la colorimétrie du film, tout n’est pas rose dans L’ultime braquage. Il y a en effet quelques points sur lesquels l’histoire nous sort de l’impression de réalité dans laquelle nous étions plongés. Déjà, la personnalité de notre héros prend parfois difficilement place dans cet univers sans pitié. Il fait partie de cette famille de protagonistes qui se targuent d’avoir une morale et des principes qu’il ne peuvent pas trahir, et qui font de lui un homme bon malgré ses actions illégales. Or, au vu de son entourage et du milieu dans lequel il évolue, ce comportement n’a que peu de sens. Cela fait même passer par moment notre héros pour une sorte d’élu, en rentrant complètement en contradiction avec le contexte réaliste instauré dans le film.
Le cahier des charges du box office
De même pour les personnages féminins, au nombre de deux dans L’ultime braquage, qui n’ont aucune raison d’exister dans ce film. Très peu développées, leurs personnalités n’étant pas explorées, elles auraient mérité une bien meilleure écriture, et une plus grande considération. Surtout celle interprétée par Amanda Collin, l’actrice jouant Mère dans Raised by Wolves. Son nom est annoncé sur l’affiche, or, on doit la voir au maximum cinq minutes à l’écran. Pourtant, une sous-intrigue la concerne, mais elle est tellement anecdotique et inutile que l’on pourrait la voir retirée du film sans en altérer le scénario. Quitte à écrire une histoire prenant place dans un monde très masculin, pourquoi ne pas l’assumer pleinement ?

Cette écriture rend par conséquent le film lisse, classique, peu audacieux. On sent que L’ultime braquage a du mal à s’émanciper de ses modèles du genre, qui sont pour la plupart issus du cinéma américain grand public. Une forme et un fond normalisé donc, probablement pour être accessible au plus grand nombre, mais à défaut de vrais partis pris artistiques qui auraient pu permettre au film de renouveler un genre assez éculé. Et pourtant le film n’est pas inintéressant, notamment la scène du braquage où la tension est sagement maîtrisée grâce à un montage efficace.
On retrouve même dans certaines scènes la touche de Frederik Louis Hviid, nous montrant donc un brin de sa personnalité de cinéaste, peu visible dans le film. On aurait cependant aimé la voir plus marquée, pour se retrouver face à un vrai braquage à la danoise, et pas une resucée de Braquage a l’italienne.
L’ultime braquage sort le 28 mai 2025 au cinéma
AVIS
L'ultime braquage manque très sérieusement d'originalité, d'un style propre, que le réalisateur semble pourtant capable de nous donner. Malgré cela, le film reste très plaisant, notamment pour sa scène de braquage, d'une intensité remarquable.