Prévu chez nous en septembre, Kill a néanmoins fait le tour des festivals cette année : cet actioner bourrin sans fioritures made in Hindi par Nikhil Nagesh Bhat se révèle comme le film le plus violent du cinéma indien. Petite critique d’un voyage en train qui verse l’hémoglobine !
Chez L’Info Tout Court on le prêche depuis un moment, mais le cinéma indien est sans nul doute le terreau créatif le plus surprenant de ces 20 dernières années. Au même titre que la Corée, l’Inde aura su puiser dans ses traditions ou son histoire pour dynamiser plusieurs genres cinématographiques, le tout porté par des cinéastes singuliers et talentueux.
Fiançailles qui tournent rouge
Alors que Hong-Kong ou l’Indonésie demeurent les ténors actuels du cinéma d’action, Kill vient là encore digérer plusieurs influences pour y apposer sa voix. Très librement inspiré d’un fait divers datant de 1995, le réalisateur Nikhil Nagesh Bhat introduit (dans le plus pur indian style) Amrit Rathod (Laksya dans son premier rôle au cinéma), un membre des forces spéciales fraîchement démobilisé.
Désireux de retrouver sa petite amie Tulika, il apprend que cette dernière est fiancée contre son gré par son paternel (un riche magnat de l’industrie ferroviaire). Prêt à tout pour empêcher ce mariage arrangé, Amrit embarque avec son compère Viresh dans un train à destination de New Delhi. Malheureusement, un gang dirigé par Fani (Raghav Juhal) attaque les passagers, et menace la famille de Tulika.
Kill ou l’hémoglobine généreuse
Un pitch qui flirte bon les 90’s en somme, avec ses relents de production Die Hard-esque (ou Steven Seagal-esque, au choix). Pourtant, Kill cache efficacement son épingle du jeu : débutant de manière candide (comme bon nombre de productions indiennes pour ce qui est de dépeindre l’innocence et le sentiment amoureux), le métrage va peu à peu orchestrer un véritable crescendo de violence jubilatoire !
Kill semble ainsi piocher vers l’action coup-de-poing de The Raid, la viscéralité furieuse en moins. D’abord appliquée et carrée dans son exécution, la violence va par la suite prendre un grand coup d’accélération arrivée à 45 minutes du récit : à la fois retournement de situation osé et apparition du titre, Nagesh Bhat amène ainsi une construction progressive dans la manière de dépeindre la violence graphique.
L’action sous 20m2
Prenant entièrement place dans une poignée de wagons, l’action parvient de manière purement efficace à user des allées exiguës, alliée à une lisibilité de chaque instant. Un fait d’armes que l’on doit au réalisateur bien sûr, mais Kill bénéficie également du talent de Oh Se-yeong (directeur de cascades coréen ayant travaillé avec Bong Joon-ho) et Parvez Shaik.
Le duo s’est illustré sur plusieurs gros blokbusters d’action indiens de ces dernières années (War, Tiger 3, Brahmastra, Fighter..) et s’identifie à nouveau comme un atout-clé de Kill. Le tout vire même vers le bain de sang amplement réjouissant dans une dernière partie décidément énervée. Coups de couteau dans la nuque, dans le torse, dans les jambes, dans les bras, dans la tête..tout y passe tel un joyeux festival !
Ce qui mènera sans doute à la principale limite de Kill : un programme appliqué et régulièrement jubilatoire, mais qui ne renouvèle pas nécessairement le schmilblick. La vendetta du personnage d’Amrit a beau se voir justifiée, Kill fera tout pour éviter toute profondeur mélancolique à son protagoniste.
Le récit a le mérite d’accorder de l’importance aux personnages périphériques, donnant une gravitas plus palpable. Dans la pure tradition du cinéma indien, la famille et l’entourage proche devient enjeu primordial, et moteur de l’histoire. Au final, ce Kill ne viendra pas révolutionner ce que des Soi Cheang ou Gareth Evans ont pu apporter au genre, mais on tient là une proposition d’action carrée, tenue, brutale et globalement généreuse : pas mal donc !
Kill sortira au cinéma le 11 septembre 2024
avis
Avec Kill, Nikhil Nagesh Bhat ne réinventera pas le cinéma d'action contemporain hérité des indonésiens. Pourtant, cette production indienne affichant une humilité aussi ample que son setting intriqué bénéficie d'un savoir-faire indéniable. Mise en scène carrée et action graphique jubilatoire en font ainsi un actioner des plus recommandables !