Kaamelott – Premier Volet débarque en salles après 12 années d’attente, élongation cinématographique rêvée d’une série chérie par des millions de fans. Et c’est une immense déception.
Kaamelott – Premier Volet prouve une chose de la part d’Alexandre Astier : nul n’est roi, même au sein de son propre royaume. Artiste chéri, considéré par beaucoup comme un génie, l’acteur, réalisateur, compositeur et monteur rate cependant le coche de l’adaptation cinéma. Réunissant autour de lui un impressionnant casting avec la promesse d’une transposition fougueuse et ambitieuse de ses pastilles devenues cultes, Kaamelott – Premier Volet, comme son personnage principal, semble pourtant vouloir sans cesse s’évertuer à amoindrir son honorable quête.
Une épée dans l’eau
Kaamelott – Premier Volet offre d’abord un évident parallèle : celui avec Star Wars. Si les notes de la très belle partition composée par Alexandre Astier convoquent aussitôt celles de John Williams, la posture du héros évoque quant à elle celle prise par Rian Johnson dans The Last Jedi. Parce qu’Arthur Pendragon n’en a que faire du sort de son Royaume, laissé en pâture au règne tyrannique de Lancelot. Qu’on vienne le chercher à l’autre bout du monde, qu’il retrouve ses anciens alliés en résistance, tout laisse de marbre un Alexandre Astier qui ancre son personnage dans une profonde mélancolie.
Une tristesse et une remise en question perpétuelles qui offriront, au détour de flashbacks, les scènes les plus réussies d’un film qui décide enfin de prendre un peu le temps d’offrir à ses personnages un tant soit peu de profondeur. Parce qu’Astier et son regard lassé chiperont une à une les retrouvailles et les apparitions, malheureusement fugaces et coupées net des géniaux Alain Chabat, Clovis Cornillac et Guillaume Gallienne, quand il n’offrira à ses propres personnages (Pauvre Audrey Fleurot) que quelques lignes comme maigre récompense.
Heroic-foutaisy
Affubler les cultes Perceval et Karadoc d’une famille d’insupportables adolescents, laisser se débattre sans bouger les formidables François Rollin, Christian Clavier et regarder Sting faire des allers-retours, tout dans les choix de ce Kaamelott : Premier Volet laisse songeur tant Alexandre Astier semble tellement omniprésent qu’il vampirise à lui seul son propre projet. On est aussi laissés de côté sur le plan du cinéma, ici réduit à de maigres travellings n’épousant jamais la fougue d’une promesse de production médiévale fantastique attendue, rêvée et fantasmée durant plus de douze années.
D’inutiles allers-retours, un récit brouillon (parfois chaotique), et une posture mélancolique qui insuffle au projet une certaine léthargie, jusque dans son final, et un rêve très grand qui ne voit pourtant pas plus loin que le bout de son nez. Kaamelott : Premier Volet, promis comme le prologue d’une trilogie, en est ainsi un départ fragile, inabouti et se prenant perpétuellement les pieds dans le tapis, où même les fameuses répliques à la musique souvent brillante tombent à l’eau. Nul n’est roi en son propre royaume, et ça Alexandre Astier semble l’avoir bien compris, dommage que le film n’ait pas su dépasser cette citation pour s’envoler vers la magie.
Un commentaire
Merci pour cet article. Je partage tout à fait votre avis, quelle déception !