Après Antoinette dans les Cévennes, le duo Caroline Vignal-Laure Calamy revient avec Iris et les hommes. Une comédie au point de départ intéressant, avec pour postulat de disséquer de manière cocasse les relations de couple modernes à l’heure où les rencontres deviennent la denrée la moins rare dans notre ère 2.0. Malheureusement, le résultat n’est définitivement pas à la hauteur..
Jolie comédie bucolique, Antoinette dans les Cévennes était avant tout la révélation du talent de Laure Calamy (Bonne Conduite, À Plein Temps) en tant qu’actrice de premier plan après son rôle remarqué dans la série Dix Pour Cent. C’est donc tout à fait logique que l’actrice retrouve la réalisatrice Caroline Vignal pour une toute nouvelle comédie au sujet sur-mesure : Iris et les hommes !
Fin de la passion
Le métrage nous présente donc Iris (Laure Calamy), quarantenaire à qui tout semble réussir. Chirurgienne-dentaire ayant son propre cabinet, mariée à un homme sans problème (Vincent Elbaz), mère de deux filles..la vie parfaite en apparence, et pourtant il manque quelque chose à Iris ! Cette dernière se sent délaissée par son mari, et la passion n’y est plus.
Désireuse de renouer avec sa propre sexualité (et féminité), Iris va ainsi s’inscrire sur une appli de rencontres pour personnes désirant passer le cap de l’adultère ! Le début d’une série de rencontres en tous genres, comme s’il pleuvait des hommes différents chaque jour !
Ou plutôt telle est la tagline du métrage, alors qu’Iris et les hommes semblait tout droit partir sur les traces d’une comédie irrévérencieuse, replaçant la femme et sa sexualité au centre de l’équation (loin de l’image chaste qu’on lui attribue depuis des lustres). Mais bien évidemment, Iris et les hommes n’assumera finalement jamais son concept dès lors que l’intrigue se met tranquillement en place !
En effet, le début du film réussit bien à placer chaque pion d’un potentiel à la fois comique et dramatique, le tout supporté par une Laure Calamy d’emblée électrique. Une vraie pile de vie, d’entrain et de talent (la séquence chez le chiropracteur a beau être la première scène du métrage, elle en demeure une des meilleures !).
Iris et les troubles identitaires
Mais rapidement, le scénario d’Iris et les hommes va tristement tourner en circuit fermé, ayant littéralement le cul entre deux chaises. Pourtant, dès qu’Iris crée un profil sur cette appli pour « mariés consentants », le tempo humoristique démarre certes de manière attendue à coups de textos successifs de lourdeaux, dick-pics gratuites ou quiproquos avec l’assistante dentaire (excellente Suzanne de Baecque sous-exploitée).
Dès que l’intrigue débutera à « enchaîner les rencontres masculines (au nombre de 4 car il ne faudrait pas non plus faire croire qu’une femme en voit plus), le bas blesse, Caroline Vignal étant finalement timorée sur son sujet, préférant asséner un discours bêta sur la notion de consentement de la manière la plus bateau possible.
Il y aura en effet des rencontres liées à un réveil de la sexualité d’Iris, mais même à ce niveau ni la mise en scène, ni l’écriture na parvient à véhiculer la légèreté/frivolité de situations se voulant cocasses ou excitantes pour sa protagoniste. Le plus bel exemple étant sans nul doute cette rencontre sexuelle en pleine cité, ou la gêne côtoie du sexe oral aussi frigide qu’illustratif.
Bien entendu, Iris et les hommes n’a aucunement pour but d’enchaîner sexe et sexy à tout prix, mais la rythmique asthénique globale du film associée à une absence quasi totale de connaissance de son sujet nuit instantanément à la note d’intention (surtout lorsqu’on a eu le très bon Les Olympiades de Jacques Audiard deux ans plus tôt).
Sujet dévitalisé
C’est bien dommage, car il y a une démarche initiale bienveillante, à l’image de cette séquence entre Laure Calamy et Laurent Poitrenaud, où la complicité dans le rire mène à l’intimité complice. Mais alors qu’Iris et les hommes semble enclin à montrer à la fois le beau et le laid du cyber dating, le métrage abandonne toute position de récit volontariste, préférant une surprenante paresse dans son enchaînement de coups d’un soir.
Ces derniers motivés par une absence de dialogue au sein du couple, dont la problématique première ne sera finalement jamais résolue (là encore préférant la non-dramaturgie pour mieux mettre ses deux têtes d’affiche à moitié nus sans aucune source dramaturgique pour soutenir l’humour).
Même en terme de réalisation, Iris et les hommes fait le 180° complet : d’une intelligente séquence d’hyper-réalité où les hommes anonymes du métro commencent à apostropher Iris comme sur Tinder, on passera à une séquence de comédie musicale insérée au forceps survenant comme un cheveu dans la soupe, jamais capable de matcher l’énergie humoristique que le film veut atteindre.
Dramédie caricaturale
Car au final, malgré une Laure Calamy toujours impeccable, portant à elle seule Iris et les hommes sur ses épaules, l’entreprise globale se veut à la fois schizophrène dans ses intentions, et ratée dans son exécution. Asexué et prudent, le résultat est à l’image de ce stalker que rencontre Iris : caricatural. Si vous voulez voir une belle comédie tendre, drôle, sexy et mature sur le couple moderne, il suffisait de voir l’excellent Simple comme Sylvain de Monia Chokri !
Iris et les hommes sortira au cinéma le 3 janvier 2024
avis
Avec Iris et les hommes, le duo Caroline Vignal-Laure Calamy signe un retour loupé, dans une comédie n'assumant jamais sa nature ni son propos.En résulte un film rarement drôle ou efficace, amenuisant son tempo comique régulièrement au gré des rencontres d'Iris. Reste une très bonne Laure Calamy tentant de porter le tout à bout de bras. Raté !