Hijack est le nouvelle mini-série de George Kay (Lupin, Criminal) et Jim Field Smith pour Apple. Porté par Idris Elba (Luther, The Wire), ce thriller dépeint une prise d’otage en temps réel sur un vol entre Dubaï et Londres. Un exercice de tension plaisant, bien que dilué.
Les prises d’otages on connaît au cinéma (qu’il s’agisse d’un bon Die Hard, Capitaine Phillips ..), il est donc aisé de se demander qu’elle est la particularité de Hijack. Eh bien c’est très simple : le spectateur va suivre les évènements en temps réel en 7 épisodes, pour un vol d’environ 7h ! Et contrairement à du Air Force One, point d’optique à créer une histoire d’action avec des vilains terroristes prêts à zigouiller tout le monde.
Non, Hijack entend apporter un regard un tantinet plus réaliste et humain. Des velléités qui se ressentent dès le premier épisode, alors que la trame plante efficacement le décor et les divers pions : nous sommes à Dubaï, Sam Nelson (Idris Elba) est un négociateur divorcé spécialisé dans les deals d’entreprises. Alors que des individus divers et variés sont à bord du vol, le terroriste Stuart Atterton (Neil Maskell, vu dans Peaky Blinders ou Raised by the Wolves) prend en otage l’ensemble de l’avion avec plusieurs autres associés.
Négociations de haut vol
Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Sont-ils réellement des terroristes ? Des questions que se posent à la fois le spectateur et les passagers pris en otage. Un début d’intrigue tout à fait intriguant donc, alors que le récit s’attarde à la fois sur l’intérieur de la carlingue, mais aussi à la terre ferme. Que ce soient l’ex-femme et le fils de Nelson, les autorités ou les contrôleurs aériens, Hijack entend donner une certaine vision globale du drame.
Un postulat respecté sur le papier, même si il faut avouer une certaine baisse de régime à mi-parcours. La faute à un traitement parfois plus programmatique dans son déroulé, à base de coups de pression plus attendus, de mort sans réel impact émotionnel, d’importance à degré variable concernant les personnages secondaires et surtout du fameux motif de prise d’otage sans grande singularité.
Des aspects qui tirent donc Hijack vers le très classique, ne parvenant pas nécessairement à provoquer ce sentiment de tension viscérale que peut par exemple avoir l’excellent Vol 93 de Paul Greengrass. Malgré ce manque de cœur en son sein, Hijack parvient néanmoins à captiver et tenir son postulat via plusieurs ingrédients, en lorgnant bien plus du côté du verbe que de l’action au sens strict !
Y a-t-il un Idris pour sauver l’avion ?
Tout d’abord, le casting est globalement de qualité. On ne présente plus Idris Elba, acteur au charisme certain, qui cette fois semble plus en retrait initialement, pour un personnage de négociateur à la tête froide, naviguant entre dialogue et entente avec l’adversité ou bien le reste des passagers pour que tout le monde soit en vie 7h plus tard.
C’est lui et Neil Maskell (inoubliable Arby de Utopia) qui portent l’ensemble des 7 épisodes malgré tout, et Hijack est à son meilleur lorsque le jeu de ping-pong qui s’opère entre ces personnages principaux se révèlent être la charpente du récit. Une histoire qui a ses balises certes, mais arrive astucieusement à ne pas tomber dans les poncifs du genre.
Hijack place assez régulièrement son curseur sur les petites gens (en particulier dans son climax tendu lors de l’épisode 7), qu’ils soient aux Émirats arabes, à Budapest ou Londres, inscrivant les enjeux comme collectifs. Et même dans son traitement des antagonistes, la série souhaite leur donner plus de corps et de ressentis vis-à-vis de leurs actions. Ce n’est évidemment pas présent pour tous les personnages malheureusement, mais a le mérite de légèrement dynamiser un genre vu et revu. Aidé d’une mise en scène propre, Hijack se veut donc tout à fait digne d’intérêt et efficace, à défaut de réellement renouveler quoi que ce soit.
Hijack est disponible sur Apple TV+, avec un épisode chaque mercredi à partir du 28 juin 2023
Avis
Hijack a beau avoir des petites faiblesses l'empêchant de pleinement réussir son postulat, toujours est-il qu'on tient là une mini-série de qualité. Une prise d'otages tenue, évitant les poncifs du genre via un regard plus humain sur ces personnages. Malgré un manque d'émotion et de viscéralité, Apple revient donc avec une chouette proposition, portée par un très bon duo d'acteurs.