Hannibal a la lourde tâche de succéder au Silence des Agneaux, sans Jodie Foster mais avec Ridley Scott à la réalisation. Pour une suite écrasée par ses trop grandes ambitions.
Hannibal arrive dix années après le Silence des Agneaux. Dix années durant lesquelles Clarice Sterling, devenue agent du FBI, demeure hantée par le célèbre docteur cannibale. En parallèle, Mason Verger, seule victime rescapée du fameux psychiatre, veut le capturer et le voir souffrir d’une façon inimaginable…
Dès le départ, Hannibal voit les choses en grand. Alternant entre l’Italie, les Etats-Unis et débutant par une opération musclée, le film de Ridley Scott ne lésine pas sur les moyens en suivant la carrière chancelante de Clarice Sterling devenue un bras armé plutôt que la femme forte et indépendante que campait la formidable Jodie Foster, ici remplacée par Julianne Moore qui n’a malheureusement que trop peu d’espace pour faire véritablement exister son personnage.
Hannibal lecteur
Parce qu’Hannibal, comme son titre et son affiche nous l’indiquent, met rapidement en lumière le personnage toujours campé par Anthony Hopkins, ici non pas en monstre ivre de sang et parqué dans son enclos mais en conservateur de bibliothèque monstre de culture qui au travers de ses monologues parfois très lourds, surlignent les écrasantes références que Ridley Scott adjoint à un récit déjà fortement empesé.
Hannibal n’a ainsi pas le brio de son aîné, l’écrasant et cultissime Silence des Agneaux qui arrivait à nous dépeindre au travers de deux monstres le combat d’une femme pour s’imposer dans un enfer masculin. Son enquête suivait une route trouble mais parfaitement lisible, à l’instar d’Hannibal qui s’égare sur ses différents protagonistes pour ne montrer que l’inénarrable génie d’un antagoniste qui s’épuise ici à trop user de sa langue plutôt que de sa simple présence.
Menu alléchant, repas décevant
Au niveau du casting, on peut ainsi y retrouver Ray Liotta dans la peau d’un policier véreux et vulgaire qui n’est qu’un pâle écho de la sombre galerie de personnages masculins dépeinte dans Le Silence des Agneaux. Et ce n’est pas la présence du toujours génial Gary Oldman, ici recouvert d’un impressionnant et glaçant maquillage qui pourra faire peser la balance. Le personnage, faux antagoniste et véritable perte de temps, alourdissant ici un peu plus le récit et ne paraît ici qu’une monstruosité à ajouter pour suivre la droite lignée de son ainé à défaut d’une vraie histoire le reliant à Hannibal Lecter.
De par ses écrasantes métaphores et de la présence d’un personnage principal plus verbeux que véritablement terrifiant, le film, une fois débarrassé de son écrasante galerie de personnages semble cependant enfin pouvoir respirer pour nous mener vers un final intéressant. Comme si ce dernier semblait contredire à lui seul la lourdeur de l’entreprise, il nous fait retrouver, le temps d’une dizaine de minutes, l’effroi de la rencontre avec un véritable monstre de cinéma. Sur plus de deux heures, le repas s’avère donc plus que frustrant.