Sortie directement chez nous en VOD sur la plateforme Amazon Prime, Guns Akimbo sent bon la trace de trop, hallucinée et irrévérencieuse, ni mémorable mais appréciable.
Occupé à troller les spectateurs d’une d’une émission live ultra violente où les meurtriers s’entre-tuent pour le bonheur du dark-web, Miles se retrouve un jour avec deux flingues vissés aux mains et 24h pour tuer une des participantes. Ecrit et réalisé par Jason Lei Howden, Guns Akimbo est un film germano-britannico-néo-zélandais (soit un beau bordel) où Daniel Radcliffe continue de faire un gros bras d’honneur au rôle de l’étudiant modèle de l’école Poudlard qui lui colle de moins en moins à la peau.
Après Horns, Imperium, Miracle Workers ou l’excellent Swiss Army Man, l’ancien Harry Potter se heurte maintenant à la comédie d’action bourrine et tournée sous acide avec Guns Akimbo. Une façon de s’offrir une carrière indépendante bourrée de challenge où les rôles d’anti-héros se suivent sans se ressembler. Surtout que dans celui-ci, notre bon Daniel se retrouve avec deux armes greffées aux mains, sans qu’il ne s’en serve le moins du monde. L’occasion de faire de lui un non-violent aux situations comiques désespérées (comment mettre son pantalon sans l’usage de ses mains) au milieu d’une bouillie visuelle détonante, mais pas fascinante.
FPS brouillon
Film concept qui a le mérite de ne pas proposer plus que son postulat initial, Guns Akimbo se veut proche d’un Hardcore Henry, le style visuel en moins, la narration en berne. C’est brutal, visuellement halluciné où le steamppunk côtoie gentiment le techno-thriller pour un résultat ambivalent. C’est sympa mais loin d’être révolutionnaire. Notamment parce que le film galère à apposer une dramaturgie à une ambiance survitaminée et courue d’avance. Parce qu’en dépit d’un scénario aussi mince que celui d’un Polar, le film souffre de longueurs, d’un faux rythme qui jamais ne s’extirpera de sa succession de stéréotypes pour développer la psyché de ses personnages.
Forcément, les haters nous trolleront comme Radcliffe en disant que la fin contredit notre précédente déclaration. Mais autant se rendre à l’évidence devant les clichés narratifs qui s’accumulent. Le gentil anti-héros pris malgré lui dans une destinée révolutionnaire, l’anti-héroïne qui ne fera que se la jouer badass féministe, le méchant tatoué, les flics ripoux, le SDF en figure prophétique, tout respire bon les codes d’un action-movie bas de plafond. Une vague critique de la société contemporaine fait ici et là un saut salvateur de 5 minutes pour se raccrocher aux revendications d’un Black Mirror poussif sur la dépendance aux réseaux sociaux quand le véritable propos justifierait plutôt de tout foutre à la poubelle pour flinguer à tout va.
A ce titre le réalisateur use de ses compétences en effets spéciaux, le bonhomme pouvant se targuer d’un riche curriculum passé à travailler sur la CGI de gros blockbusters. En pompant allègrement sur le style ralenti de Matrix, les gunfights de John Wick ou les plans en FPS de Hardcore Henry, on navigue dans une peinture radicalement violente. D’autant plus qu’aux gerbes d’hémoglobines ou une photographie complètement saturée et cocaïnée s’ajoutent des passages résolument trash, à la violence extrêmement graphique et aux blagues bien grasses. Une recherche visuelle qui se traduit par de belles fulgurances de mise en scène ou de mouvements de caméras inattendus (comme ce traveling circulaire suivant la trajectoire des balles), lesquels tendent à se répéter malheureusement, preuve qu’il faut bien colmater les séquelles d’un scénario emplis de trous (de balles).
Sans prétention mais gentiment crétin, Guns Akimbo distraira pour un court instant les plus hardcore des fans d’action bourrins.