Déjà un phénomène au Japon autant qu’un des blockbusters les plus appréciés de l’année, Godzilla Minus One débarque en France pour une sortie salle limitée. Une belle lettre d’amour au Roi des monstres, replaçant le fameux lézard dans un contexte de post-WWII !
On ne présente plus le fameux Godzilla (ou Gojira chez les japonais), monstre cultissime ayant plusieurs dizaines de films à son effigie depuis le chef-d’œuvre séminal de 1954. Et qui dit déclinaisons, dit forcément des itérations moins glorieuses, ayant progressivement dilué toute la symbolique derrière le fameux lézard. Fait d’autant plus remarqué dans les films américains du Monsterverse (exception faite de l’opus signé Gareth Edwards)
Pourtant, en 2016 (et cette année chez nous) est sorti le brillant Shin Godzilla. Une relecture à la fois moderne et respectueuse de l’héritage du fameux monstre, recontextualisant Godzilla comme une entité destructrice monstrueuse et quasi divine. Et c’est globalement sur cette lancée fructueuse que s’est créé Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki, tel un remake-reboot du film original.
Retour aux sources du mythe
Godzilla Minus One débute donc en 1945 : Kōichi Shikishima est un pilote japonais kamikaze feignant une panne d’avion pour se poser sur l’île d’Odo. Malheureusement, un monstre aux allures de dinosaure (Godzilla !) attaque la base, et ne laisse que deux survivants (dont Shikishima). De retour chez lui en 1946, notre héros découvre que ses parents sont morts, et se lie à une jeune femme et une enfant recueillie parmi les survivants des bombardements de Tokyo.
Alors que le pays se reconstruit peu à peu, le fameux Godzilla attaque divers bateaux , et menace l’archipel japonais tout entier. Encore hanté par les fantômes de la WW2, Shikishima va s’engager auprès d’autres vétérans pour stopper Godzilla ! Une manière de replacer tout le contexte post-WW2 dans un film de guerre incarné et humain donc !
Car si les années l’ont peut-être fait oublier, Godzilla est avant tout une création de Ishirō Honda liée au trauma d’Hiroshima et Nagazaki. Une représentation physique de la menace nucléaire, et un moyen d’exorciser une page sombre de l’Histoire pour tout un imaginaire collectif. Et c’est bien évidemment une des réussites de ce Godzilla Minus One, représentant le fameux monstre comme une entité avide de destruction, dont le souffle atomique rase des quartiers entiers.
Monstre nucléaire et trauma du Japon
Mais loin d’être simplement un blockbuster avide de destruction porn (malgré un gigantisme parfaitement représenté), on tient avant tout un récit à hauteur d’homme, drivé par ses personnages attachants. Si l’interprétation manque parfois de profondeur, le protagoniste principal se veut lui aussi réussi, telle une projection personnifiée d’un Japon renonçant au goût de vivre.
Kamikaze n’ayant pas accompli sa mission, père malgré lui n’acceptant pas sa nouvelle condition, et martyr en devenir, Shikishima offre donc un contre-point cohérent à la force colossale de Godzilla, magnifié par une ampleur bienvenue, et un aspect technique sacrément impressionnant compte tenu d’un budget affiché de 15 millions !
De son introduction à la Jurassic Park jusqu’à une impressionnante séquence de destruction de Ganji, les moyens sont là, pour un résultat généreux malgré un caractère plutôt sporadique (l’essentiel de l’action se déroulant finalement sur l’eau). Godzilla Minus One lorgne donc vers le film catastrophe, mais aussi le film de guerre : on pense même à Dunkirk lors de son très bon climax maritime.
Et si la mise en scène semble parfois osciller vers l’illustratif plutôt que la pure émotion incarnée (on notera également quelques lignes de dialogues sur-imprimant les intentions du récit) ou que le scénario verse parfois dans du choix scénaristique facile (cet épilogue !), cela fait du bien de retrouver le Roi des Monstres dans un film à la hauteur du mythe !
Godzilla Minus One est sorti au cinéma le 7 et 8 décembre 2023, et ressort le 17 janvier 2024
avis
Godzilla Minus One ne verse peut-être pas dans la noirceur ou le génie d'un Shin Godzilla, mais en replaçant le monstre dans son contexte post-WW2, Takashi Yamzak charge toute la symbolique post-traumatique du Roi des monstres dans un film de guerre incarné. Certes un peu prévisible dans son schéma narratif, on tient là un vrai bon blockbuster, à la fois impressionnant et humain. Une réussite !