Suite aussi redoutée qu’attendue, Gladiator 2 débarque enfin dans les salles, plus de deux décennies après le film culte de Ridley Scott. Maximus Decimus Meridius n’est plus, mais son héritage vie encore : un nouveau récit plaisant porté par Paul Mescal et Denzel Washington, mis non exempt de défauts !
On ne présente plus Gladiator, gros péplum culte qui a ressuscité le genre en 2000, intronisé Russel Crowe parmi les acteurs les plus en vogue (Oscar à la clé), et remis sur selle la carrière branlante de Ridley Scott (Alien, Blade Runner). L’histoire du général romain devenu esclave, puis gladiateur pour défier un empire fait donc désormais office de classique !
Gladiator 2 : L’héritage de Maximus
Fait étonnant : un Gladiator 2 était en discussions depuis une vingtaine d’années, avec notamment des projets saugrenus pour faire revenir Maximus.. C’est donc seulement récemment que Scott et son scénariste David Scarpa (Napoleon) ont cracké le code, sous forme de legacysequel embrassant l’héritage et les enjeux laissés à la fin du 1er film.
Gladiator 2 débute donc 16 ans après la mort de Maximus, et nous mène en Numidie, alors que Rome attaque l’ultime bastion de l’Afrique du Nord. Nous découvrons ainsi Hanno (Paul Mescal), guerrier aux origines obscures qui va perdre sa femme Arishat dans la bataille, dirigée par le Général Justus Acacius (Pedro Pascal).
Vendu pour combattre dans l’arène, Hanno va taper dans l’œil de Macrinus (Denzel Wahington), un homme d’affaires et trafiquant en tous genres. Une alliance qui va mener les 2 hommes vers leurs objectifs respectifs : se venger du Général pour l’un, et gravir les strates du gouvernement romain pour le second !
Suite qui remixe avec sens
Gladiator 2 semble reprendre des éléments consubstantiels au premier opus : un guerrier ayant tout perdu devenu esclave qui va défier les rouages viciés d’un empire lui-même sur le point d’imploser sous l’impulsion de machinations en coulisses. Pourtant cette suite remixe le tout afin d’offrir un regard tout à fait différent, moins romanesque et romantique !
Hanno devient par exemple un leader né via ses exploits dans l’arène, mais la stature du personnage en fait un être ayant abandonné tout sens noble depuis des années. Seule reste une rage sourde (et un grain de folie traversant ses yeux bleus), impeccablement incarnée par un Paul Mescal bien massif.
Aussi à l’aise dans les séquences d’action, c’est véritablement lui le moteur global sans atteindre la prestance royale d’un Russel Crowe. La filiation se fait pourtant à un moment (la plus grande fan theory de Gladiator), avec une aisance et une gémellité mythologique plutôt habile. Mais c’est également à cet instant que cette suite tombe dans divers fâcheux défauts qui tirent l’entreprise vers le bas.
Une dramaturgie contrebalancée par le casting et la fabrication
Sur plus de 2h20, Gladiator 2 parvient à proposer une rythmique sans réel temps mort, mais délaisse le drama pur au profit d’une aventure riche en action. Si bien que diverses relations (que ce soit avec Connie Nielsen en figure matriarche tiraillée ou bien Pedro Pascal en général romain virant renégat) tombent un peu à la trappe sauf pour un moment de rattrapage, limitant le potentiel émotionnel de ce Gladiator 2 amenuisant sa gravitas ou son aspect galvanisant.
Ridley Scott et son chef opérateur John Mathieson (déjà sur le premier) compensent cela par un festin d’action globalement jubilatoire, proposant même une ambition plus spectaculaire qu’en 2000. Mis à part une séquence étonnante face à des babouins sanguinaires, le tout a fière allure via une impressionnante production design (on avait pas vu d’aussi grands sets du genre depuis bien longtemps).
Combat face à un rhinocéros, sur une eau infestée de requins, assaut d’une forteresse en Numidie, duel à l’enjeu plus intime…Gladiator 2 renouvelle avec aisance la grammaire de ces pugilats (beaucoup plus violents et graphiques qu’auparavant) en les saupoudrant d’autres enjeux plus politiques. Ce qui nous mène à un accent mis sur le second protagoniste du film : l’excellent Denzel Washington en serpent manipulateur que l’on apprécie détester (capable de réellement voler la vedette à tout le monde dès qu’il est dans une scène), à la fois mentor et antagoniste de premier plan (pas difficile devant le duo d’empereurs joué Joseph Quinn-Fred Hechinger trop cabotin pour pleinement convaincre de leur folie cruelle).
Dès lors, Gladiator 2 prend des allures de fresque plus épique dans son ultime mouvement pour le pouvoir au peuple, que l’on aurait aimé mieux servi par une BO plus inspirée de Harry Gregson-Williams (Le Dernier Duel). Mais en l’état, on tient là une honnête suite avec pas mal de belles qualités, mais une écriture perfectible ne parvenant pas à rendre incarnée chacun des rouages de cet engrenage blockbusteresque globalement chiadé, ample et plaisant.
Gladiator 2 sortira au cinéma le 13 novembre 2024
avis
Gladiator 2 réussit le pari improbable de donner une suite au film culte de Scott. Ce dernier accouche ainsi d'une aventure blockbusteresque pleine d'action, et à la fabrication ample. Dommage que ce péplum nuise d'une écriture n'évitant pas des ellipses narratives ou autres éléments amenuisant la gravitas émotionnelle du métrage. Heureusement le casting est plutôt royal (Paul Mescal et Denzel Washington en tête) et le spectacle plutôt au rendez-vous. Et vous, êtes vous divertis ?