La première aventure américaine de Mélanie Laurent méritait bien qu’on s’intéresse au projet. Et quand en plus on a Ben Foster et Elle Fanning en têtes d’affiche, on se chauffe sévère pour Galveston.
On va commencer directement par ce qui ne va pas dans Galveston, histoire d’en être débarrassé et se concentrer sur ses qualités. Non, Mélanie Laurent et le scénariste Nic Pizzolatto ne révolutionnent pas le genre du road movie introspectif avec un schéma narratif presque sans surprise. Quant à Elle Fanning, on a beau l’adorer, elle nous en fait parfois un peu trop. Voilà, ça ne mérite pas plus de trois lignes.
Galveston, ville des âmes en peine
Parce que l’essentiel est ailleurs, dans l’émotion que le film suscite. En écourtant au maximum son introduction, la réalisatrice permet de rentrer plus rapidement dans la détresse de ce duo perdu, à la recherche d’un avenir qu’elle ne pense pas avoir, qu’il ne pense plus avoir. Chacun va ainsi veiller sur l’autre et y trouver une raison de vivre, même infime. Des êtres brisés, à fleur de peau, que la cinéaste met parfaitement en lumière avec une caméra qui ne lâche jamais ses personnages, alternant entre intimité et timidité lorsque les sentiments ont besoin d’espace pour exister.
Du premier au dernier plan, Ben Foster irradie de tout son talent le long-métrage. Il y incarne un Roy aussi bien physiquement que psychologiquement, jouant aussi bien sur ses silences que sur ses colères. Et quand l’action vient, elle est à l’image de la rage du personnage. C’est ce qu’on peut appeler un rôle en or et il faut espérer que les cérémonies de récompenses n’y soient pas insensibles (et qu’elles aient oublié Warcraft).