Flashback débarque sur Amazon Prime avec une ambitieuse promesse de comédie. L’humoriste Caroline Vigneaux s’entend ainsi relire l’histoire du féminisme après l’ère #MeToo dans un produit efficace mais finalement vain.
Flashback n’est pas la première collaboration entre la plateforme de Jeff Bezos et la crème de notre humour hexagonal : Kheiron avait pu être sauvé (et nous sauver) d’une sortie cinéma en pleine pandémie de son affligeant Brutus vs César, Inès Reg avait ainsi pu nous « régaler » de son Je te veux moi non plus tandis que Melha Bédia avait pu délivrer son « chef d’œuvre » semi-autobiographique Forte. On ne reviendra pas sur la première saison de LOL – Qui rit, sort ! qui avait fait de nombreuses victimes en France, l’humoriste Caroline Vigneaux ayant ainsi la lourde tâche de succéder à ses grandes œuvres en mêlant histoire du féminisme, allers-retours historiques et #MeToo dans un mélange audacieux entre Les Visiteurs et Connasse qui n’a malheureusement d’excitant que sa promesse.
F(l)emme
Flashback suit ainsi Charlie, jeune avocate sans scrupules qui après avoir défendu un viol de la plus odieuse des façons (en présentant un string, en fait), se trouve projetée dans le passé aux côtés de figures de l’histoire du féminisme. Georges Sand, Olympe de Gouges, Marie Curie et Gisèle Halimi figureront ainsi au casting de cette comédie faussement trash mais pensée en tant que véritable plaidoyer féministe où Caroline Vigneaux s’en donnera à cœur joie pour si peu de résultat. Parce que l’ancienne avocate signe ici un premier long-métrage terriblement attendu, tant au niveau du scénario que de ses répliques, pour un projet dont le féminisme s’avère être une bien maigre façade pour tenter de cacher un cruel manque d’idées.
Sans être au niveau de ratage des œuvres évoquées plus haut, Flashback s’avère proposer une direction artistique soignée et un rythme soutenu frisant ainsi parfois l’overdose. Parce que le cheminement du personnage campé par Caroline Vigneaux évoque rapidement et grossièrement un féminisme pour les nuls plus qu’un véritable plaidoyer. Le scénario écrit à la truelle n’aura ainsi de cesse de manier avec subtilité le passage de la méchante égocentrique en féministe avertie se préoccupant désormais de l’existence de sa mère, d’autres femmes et des places de stationnement réservées aux personnes handicapées. Démarche artificielle et pompeuse, heureusement alors que Flashback se trouve portée par une humoriste pour rehausser quelque peu cette équation ultra-attendue.
Rires forcés
Malheureusement, autant que la scénariste et la réalisatrice, l’humoriste Caroline Vigneaux semble ne pas être non plus très inspirée. Après avoir joué la fêtarde prenant son jugement au bûcher aux côtés de Jeanne d’Arc pour une entrée en cellule de dégrisement (c’est aussi long que ça en a l’air), l’actrice n’aura de cesse de se la jouer Joséphine Ange Gardien trash et rigolote aux côtés de personnalités historiques pour des dialogues aussi plats qu’attendus. D’une confrontation ratée avec Georges Sand (une ivresse tournant à la séduction) et Marie Curie (sans intérêt), Flashback ne cultive ainsi qu’avec peu d’intérêt son prestigieux casting historique, quand celui-ci ne se trouve pas campé par des acteurs venus cachetonner (Sylvie Testud et comme un air des Visiteurs 3 : La Révolution, Gad Elmaleh, Bruno Solo).
Le (fatiguant) numéro de Caroline Vigneaux s’essouffle ainsi rapidement, surtout lorsque l’histoire personnelle de son personnage semble offrir un peu de dramaturgie à un final aussi fade que le reste. Même en se la jouant héroïne trash avec des années de retard au détour d’un « t’as cru que c’était une comédie romantique« , l’humoriste-actrice et réalisatrice aurait peut-être eu mieux fait de s’emparer de ce genre ultra-balisé dans lequel son manque d’ambition et d’idées lui aurait peut-être permis de se sentir comme un poisson dans l’eau.