Fast & Furious X se paye les services de Louis Leterrier pour une avant-avant dernière virée usante qui n’a définitivement plus rien de neuf sous le capot.
Fast & Furious X atteste d’une certaine fatigue pour une franchise qui semble se refuser à mourir. Ce sentiment d’épuisement se voit confirmé par le départ brutal de Justin Lin (toujours crédité comme scénariste et producteur) à quelques mois seulement du tournage, fidèle ayant relancé une saga alors en totale perte de vitesse et de direction, qui devait donc mettre en scène ce dixième opus après s’en être occupé du troisième au sixième épisode. Mais plutôt que de conclure tant qu’il en est encore temps, Fast & Furious X s’annonce seulement comme le premier opus d’une trilogie, dont le prochain sera également mis en scène par Louis Leterrier. Mais delesté de Justin Lin, qui a su réinventer la franchise en signant quelques-uns de ses meilleurs épisodes, et de metteurs en scènes talentueux comme James Wan, que reste-t-il vraiment à Fast & Furious pour encore durer ?
Et bien, pas grand chose, et un sentiment de vacuité et d’incessante répétition noyé sous les caméos où apparitions d’acteurs venus chercher leur chèque et tenter d’offrir à cet usant épisode de transition un sentiment de conclusion supposément plus tragique et mélancolique. Mais à part un Jason Momoa en antagoniste aux tenues hautes en couleurs (cabotinant avec délice) et John Cena rejouant avec le même plaisir son rôle d’actionner au coeur tendre, Fast & Furious X n’a finalement rien de neuf sous le capot, qu’une volonté d’épisode anthologique rejouant les meilleurs scènes de la saga avec ce qui lui restait d’une quelconque folie, d’une jouissance décérébrée, cette fois cependant totalement mis au garage.
Mise en bière au barbecue
Fast & Furious X, après une énième surenchère dans l’opus précédent, se propose donc de revenir aux fondamentaux. La fameuse famille de Dominic Toretto se réunit donc autour d’un sempiternel barbecue où chacun rejoue son rôle avec la même fatigue. Mais voilà, un ennemi revenu du passé, plus précisémment de Fast & Furious 5 et du braquage à Rio, où le père de Dante (Jason Momoa) avait perdu la vie, reviendra se venger et s’en prendre à la ronflante famille. Entouré d’une armée de tueurs et ayant toujours un coup d’avance, la folie de ce dernier n’est ainsi jamais visible à l’écran, tant notre Louis Leterrier national, qui avait pourtant signé un plaisant L’Incroyable Hulk et un Insaissisables fort divertissant, ne sait apporter une identité nécessaire à l’entreprise et échoue ainsi à dynamiter un scénario ridicule, tiraillé entre compilation mélancolique et un divertissement qui n’a définitivement plus rien à offrir.
Une bombe géante enflammée dans les rues de Rome, une poursuite nocturne rejouant les premières heures de la saga, et même la mort, où l’apparition surprise de personnages, ne viendront rien changer à l’affaire. Même en se la jouant James Bond version 007 Spectre, Vin Diesel n’apporte rien, que sa mine faussement concernée, doublé d’un message catholique lourdingue, à un film qui se voudrait plus tragique, mais ne s’avère être qu’une toujours aussi longue (2h20) et épuisante redite, dénuée d’une impression de final qui aurait pu lui apporter ce petit truc en plus qui lui manque cruellement. Dénué de la folie de James Wan, de la maîtrise de la franchise de Justin Lin, et d’acteurs bourrins venus joyeusement en découdre (Jason Statham ne se paye qu’une courte apparition), Fast & Furious X semble n’être qu’un épisode rachitique, qui se sert de son action non plus pour proposer de véritables instants de bravoure décérébrés, mais comme d’épuisantes démonstrations de vide en pilote automatique.
Mourir ne peut plus attendre
Fast & Furious X ne réussit même plus à éveiller ce sentiment de plaisir bourrin, en ouvrant sans aucun panache la saison des blockbusters estivaux, précédant de quelques semaines Transformers : Rise of the Beasts (qui sans Michael Bay à la barre devrait souffrir du même problème). Parce que cet opus, comme nombre de projets chez Marvel Studios, aurait très bien pu n’être réalisé par personne d’autre qu’un nom servant de simple caution pour cacher le travail d’un yes-man ne traduisant en images que les désirs d’un studio évertué à épuiser une formule qui n’avait finalement pas besoin de grand chose pour atteindre cette vacuité. Et même si Vin Diesel compare l’univers de la saga à celui du Seigneur des Anneaux, force est de constater que sans véritable artisan derrière la caméra, et sans exhubérance dans la mise en scène, Fast & Furious ne peut demeurer qu’une épuisante enfilade de scènes d’action avec le terme de famille comme seul fil rouge.
Parce que si la saga n’a rien su inventer, que de s’imposer au sein d’un genre sans véritable concurrence (le film de voitures), et de pallier les failles de son univers et de son scénario qu’en de morceaux d’action complètement décérébrés et parfois jouissifs, cette dernière ne peut exister sans un second degré et une folie nécessaire au bienfait de l’entreprise. Mais quand il ne reste plus rien de tout cela, qu’une famille se débattant contre un enième antagoniste dans une bataille qui ne veut plus se conclure, que de se réfugier dans une compilation, de scènes comme de personnages, et bien il est temps pour cette franchise de se finir, une bonne fois pour toute, surtout lorsqu’elle à coûté plus cher (350 millions de dollars !!!) et que ce n’est qu’un sentiment d’infinie pauvreté qui se traduit à l’écran.
Fast & Furious X est actuellement en salles.
Avis
Fast & Furious X n'a plus rien à proposer de neuf, et il serait définitivement temps pour la franchise de mourir, et ce pour son propre bien. Tout paraît sonner comme une redite, la folie et l'action décérébrée en moins, de cet épisode de transition de trop, à la fois dénué de metteur en scène et surtout d'idées.