Fall and flow est une comédie chorégraphiée non verbale de Wuxia, genre traditionnel martial et chevaleresque.
Fall and flow rend hommage aux films classique de Wuxia et de Kung-Fu. Elle s’inspire pour cela des éléments distinctifs des films d’action de Hong Kong comme le Kung Fu, la rivalité entre la lumière et l’obscurité, ou encore la loyauté et la fraternité.
Pour cette nouvelle création, le directeur du Théâtre de la Feuille, Ata Wong Chun Tat, collabore avec un chorégraphe d’action cinématographique primé. Et c’est un spectacle original et captivant que sa troupe nous propose dans ce Festival OFF.
Fall and flow, un spectacle surprenant
Dans leurs intrigants costumes noirs, le nez peint de la même couleur, six comédiens entrent lentement sur un plateau vide. Ils sourient, observent, silencieux… Ils s’apprêtent à nous ouvrir les portes de leur univers, et nous sommes prêts à les suivre. Bientôt, des scènes très rythmées se mêleront à des temps plus lents durant lesquels notre attention restera intacte.
Tout au long de la pièce, en bord de scène, un musicien percussionniste bat la cadence et réalise les bruitages avec beaucoup de talent. Sa présence n’est clairement pas anecdotique, il imprègne le spectacle de son empreinte. Tout comme les lumières qui tiennent également une place importante, créant des des ambiances différentes, parfois très confidentielles, parfois chimériques.
Hong Kong nous ouvre les portes de son Art
Les histoires fantastiques de héros martiaux ont joué un rôle majeur dans la littérature et les films de Hong Kong, aujourd’hui en déclin comme l’ensemble du domaine artistique du pays en raison des agitations sociales des dernières années. Aussi, à travers des spectacles comme celui-là, le Théâtre de la Feuille espère « réintroduire Hong Kong dans le monde comme un lieu d’innovation artistique et d’idées audacieuses ».
À travers six tableaux, nous découvrons le passé secret d’un héros muet de kung-fu. Dans l’un d’eux, un guerrier aveugle rencontre un groupe de voleurs qui se battent à coups de chansons et d’ondes sonores ; dans un autre, un accident amène un fils à se souvenir d’un incident survenu dans son enfance, et qu’il va dévoiler à son père… Des univers très différents, qui nous transportent chacun à leur manière.
Une performance très corporelle
À l’intérieur d’un espace qui pourrait être un ring, délimité par une grosse corde, ils simulent parfois un combat à la dague et l’épée. Les gestes sont si précis, si nets, que l’on croirait voir les armes. La chorégraphie est d’une fluidité captivante et s’exécute parfois au ralenti, créant un effet très cinématographique. Il s’y glisse parfois quelques acrobaties, élégamment maîtrisées.
Et lorsque certains comédiens-danseurs se recouvrent les yeux d’un tissu, on est admiratif de leur synchronisation qui demeure parfaite. Leurs corps-instruments, qu’ils utilisent parfois comme des percussions en tapant du pied ou en frappant du poing leur torse, ondulent, se déploient, miment, tombent, se relèvent. La proposition est riche et nous emmène vraiment loin de tout ce à quoi nous sommes habitués.
Des artistes touchants
Au-delà de la performance corporelle qui nous ravit, on aime aussi beaucoup la complicité qui se dégage. Non seulement celle qui existe entre eux, perceptible dans leur jeu, mais aussi celle qu’ils créent et prennent soin d’entretenir avec leur public tout au long du spectacle. Une complicité qui passe par des regards, des sourires, mais aussi par l’humour, parfois un peu absurde, qu’ils distillent subtilement. Comme lorsqu’ils simulent avec excès le sang qui jaillit d’une blessure !
Ce qui captive également, c’est l’expressivité de ces artistes. En effet, leurs corps racontent au moins autant de choses que leurs visages, ce qui les rend touchants et rend le spectacle d’autant plus prenant. Car, sans paroles, décor ni objets, ils parviennent à nous faire visualiser tout un monde, à exprimer l’amour, la colère, la peur, les rancœurs…
Et puis il y a cette énergie, cette force tranquille qui émane d’eux. Il est évident qu’ils prennent autant de plaisir à être sur scène devant nous que nous en prenons à les regarder. Ainsi, malgré les barrières de la langue, de l’univers artistique, de la culture, un lien se créé entre eux et nous. Et alors… évaporées les barrières… C’est simplement beau quand le spectacle vivant parvient ainsi à rassembler.
Fall and flow, d’Ata Wong, mise en scène Ata Wong, avec Mei Ling Chow, Mei Han, Chun Kiu Ko, Pui Ki Ku, Chi Yip Kung, Tsz Ho Wong, Hin Wun Man, Chun Hang Pong, Tin Ching Tai, Joey Yu, se joue au Théâtre Golovine, du 7 au 27 juillet, à 12h15 (relâche les lundis).
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Avis
Basé à Hong Kong et spécialisé dans la narration avec le corps, l'approche du Théâtre de la Feuille consiste à fusionner les éléments orientaux et occidentaux. Le résultat ne ressemble à rien de ce que nous connaissions déjà, et mérite le détour.