La dernière saison de la série Espagnole est disponible depuis un mois sur Netflix. Entre meurtres non élucidés, romances malheureuses et fortunes dilapidées, la déchéance des élèves de Las Encinas suit tranquillement son cours. Deuxième série la plus regardée par les Français sur la célèbre plateforme depuis la sortie de la saison 3, Elite semble très appréciée.
Les scénaristes de la série Elite l’ont bien compris : la violence, le sexe et la bataille entre classes sociales font vendre. Difficile de passer à côté de cette mécanique lorsqu’elle est aussi grossièrement exploitée que dans Elite. Et pourtant, le résultat fonctionne. Dans le lycée privé particulièrement élitiste de Las Encinas, les élèves boursiers et ceux issus des classes sociales les plus élevées s’affrontent. Des histoires d’amour et de drogue se font et se défont sur cette trame de bataille entre classes sociales. Un sujet pas forcément novateur mais qui peut se révéler très intéressant. Si les saisons 1 et 2 se suivaient dans une bonne logique dramatique de déchéance, cette nouvelle saison peut laisser un peu sur sa faim.
Une intrigue moins marquée
Mais que nous réservent donc ces nouveaux épisodes ? Un meurtre ? Une énième coucherie entre des amants improbables ? Que les fans se rassurent, ils auront les deux. Lancée en 2018, Elite commençait fort. Dans la saison 1, on découvrait une riche élève séropositive assassinée par un camarade de lycée, des plans à trois, un combat permanent entre boursiers et riches… La saison 2 mettait l’accent sur la spirale du déclin dans laquelle les personnages se voyaient tous pris. Le meurtrier empêtré dans le mensonge et la culpabilité, la nymphette manipulatrice dans la découverte de ses sentiments et le jeune boursier lancé dans une course effrénée pour libérer son frère injustement emprisonné. Il paraissait assez logique qu’au bout de 16 épisodes, le coupable soit enfin percé à jour et que justice soit faite. Ou pas.
Au lieu de ça, la saison 3 repart sur une autre enquête et s’ouvre sur la mort du meurtrier lui-même. S’ensuivent alors huit épisodes de traque du tueur, dont l’identité n’est plus qu’un secret de polichinelle depuis la moitié de la saison 2, et de l’assassin de ce dernier. De fait, le spectateur se trouve face à une saison assez… lente, malgré quelques péripéties annexes. Ces nouveaux épisodes prennent le parti de se concentrer sur l’évolution des personnages en plaçant l’enquête en trame de fond. Une excellente idée sur le papier, à ceci près qu’elle donne parfois l’impression que l’intrigue générale a complètement été laissée de côté dans le but de faire de l’audience à partir d’une série à succès.
Focus sur les relations entre les personnages de l’Elite
Au programme, les scandales habituels: maladie, prostitution volontaire ou encore compétition pour obtenir une bourse d’études. Heureusement que, de temps en temps, quelques situations rappellent que les élèves travaillent très dur pour leurs examens car, avec toutes ces péripéties, rares sont les scènes d’études ! Plus question d’équilibrer, comme dans Grey’s Anatomy, défis professionnels avec les tourments amoureux des personnages.
Le choix a donc été fait, pour cette saison 3 de Elite, d’insister sur la psychologie des élèves et leurs relations. Un concept qui donne de bonnes choses, telle que l’amitié entre Guzman et Samuel, qui se construit petit à petit depuis la saison 2 de façon très pertinente et naturelle. Il en va de même pour la complicité de plus en plus solide entre Nadia et Lucrecia. Pires ennemies dans la saison 1, les deux jeunes filles se lient lentement d’amitié bien qu’elles se retrouvent toujours en compétition dans les domaines professionnels et amoureux. Certains protagonistes suivent également une évolution individuelle passionnante et tout aussi crédible.
Une saison sauvée par ses protagonistes et ses acteurs
Le cas de la « marquesita », Carla, constitue l’exemple le plus probant du personnage qui sauve la saison. Après avoir couché avec à peu près tous les garçons possibles pour que la série fasse de l’audience grâce à son jeune corps dénudé, la « gosse de riche » réalise qu’elle n’est pas faite de plomb. Elle va se retrouver face à un choix cornélien. Comme dans toute bonne telenovela, son personnage pourrait se transformer en espèce d’ado rebelle, rêvassant en permanence à son amour perdu et insultant ses parents. Sa réaction se révèle, au contraire nettement plus réaliste.
Lucrecia gagne aussi en substance. Cette première de la classe insupportable au style beaucoup trop vulgaire laisse resurgir une sensibilité crédible et très bien interprétée. On peut d’ailleurs souligner la prestation impeccable de tous les acteurs de la série. Qu’il s’agisse de Claudia Salas, dans le rôle de l’attachante Rebecca ou d’Alvaro Rico, qui joue superbement le torturé Polo. Tous ont quitté le lycée depuis au moins 10 ans mais demeurent très convaincants.