Echo Valley se regarde comme un film d’après-midi pluvieuse et morose, mais sa fin inattendue va vous surprendre.
Echo Valley challenge la parentalité : jusqu’où iriez-vous pour sauver la peau de votre enfant ? L’amour inconditionnel, certes. Mais quand votre ado se ramène avec un cadavre sur la banquette arrière, l’amour inconditionnel, toujours ? Dans ce drame de campagne signé Michael Pearse pour Apple TV+, Julianne Moore incarne cette mère à bout de souffle, veuve et propriétaire d’un ranch qui tombe en ruines. À juste titre, la pauvre pensait avoir touché le fond. Or, sa fille Claire (Sydney Sweeney) se pointe par une soirée morose avec ses problèmes de drogue, d’alcool, d’argent et son copain violent (rien que ça).
Julianne Moore à la ferme
Filons notre métaphore dolanesque. Echo Valley, c’est un peu le mix des films de Xavier Dolan, Tom à la ferme et Mommy. Une mère désemparée se prend dans la face son enfant en roue libre, dans un décor de ferme isolée. Les liens familiaux se déchirent entre cris et larmes dans des scènes intimes sous haute-tension. Et si le film n’opte pas pour des flashbacks d’enfance heureuse filmés en Super 8, il propose presque mieux. La caméra zoome avec allégresse sur les vieilles photos accrochées au frigo pour arracher la larmichette. L’accentuation dramatique fait son petit effet et renforce l’empathie du spectateur à l’égard de Kate, cette mère esseulée et prête à un peu trop pour couvrir les déboires de sa fille.

En sus, le discours se veut adapté à la ligne éditoriale affirmée d’AppleTV+ en matière de diversité. Si la figure de la mère fait encore les belles heures de la plateforme (Lady in the Lake, Disclaimer, Sunny, Blitz,…), la firme se distingue par ses efforts. Le film joue à fond la carte de la sororité entre Kate et ses voisines en développant de belles relations d’entraide et d’écoute. Echo Valley valide ainsi le test de Bechdel : les personnages féminins sont nommés et il leur arrive de parler de sujets sans rapport à un homme. Et il le passe avec mention, car les postes de réalisation (Michael Pearse) et de production (Ridley Scott, Micheal A. Pruss et Kevin J. Walsh) sont 100% masculins.
La ferme des crackhead
Le fameux Michael Pearse, dont les débuts se sont fait laminer sur IMDb, signe en effet un opus très scolaire. L’image se veut soignée, presque esthétique à l’instar d’une production A24, mais manque d’assurance. Les plans oscillent entre l’onirisme des phases sous l’eau et le nébuleux des enfants du quartier qui font mumuse en slow motion. Ces séquences appuyées d’une musique soporifico-inspirante relativement fade enlisent ce scénario déjà peu ambitieux.

La narration d’Echo Valley joue un subversif de façade en faisant valser la drogue, les cadavres et la masculinité toxique. Mais le ton reste conformiste et élude rapidement toute gêne potentielle. Par exemple, Claire disparaît abruptement, pour ne pas s’alourdir d’une trame secondaire de réconciliation entre mère et fille. Au contraire, le scénario se resserre méchamment sur Jackie (photo ci-dessus), la connaissance manipulatrice de Claire, qui profite de la vulnérabilité de sa mère. L’histoire patine, tout se déroule presque parfaitement : Kate semble un peu trop résignée à tout sacrifier pour sortir sa fille des griffes de ce dealer, en cédant à toutes ses lubies. Heureusement, le retournement de situation final redore le blason ! Le rythme envasé s’accélère pour tout donner dans ce sprint final à la fin ouverte en mode #SaFéRéfléchir.
Le ranch où tout a basculé
Echo Valley est un drame familial qui se regarde sans accroc, pour peu qu’on ne se soit pas assoupi avant le retournement de situation. Son message reste étriqué en évacuant fissa tout ce qui aurait pu complexifier l’intrigue, comme les relations mère-fille ou l’enquête de police sur le cadavre. Il faudra donc regarder un peu à côté, pour en contempler ses plans esthétiques sur les paysages. Et surtout, en apprécier sa tendre sororité, loin de ces portraits stéréotypés de voisines qui jacassent et se tirent dans les pattes.
Echo Valley est sorti en exclusivité sur la plateforme AppleTV+ le 13 juin 2025.
Avis
Echo Valley est un drame familial qui se laisse dérouler et se voit sauvé par son soubresaut final. Les relations mère-fille ne développent rien de palpitant dans un monde où les fresques de Xavier Dolan nous ont fait vibrer. Néanmoins, la jolie sororité dépeinte et le retournement final inespéré lui évitent le drame au sens propre.