À Cannes, notre critique reprochait à Sicario un scénario de grande convenance. C’est bien vite oublier que Denis Villeneuve est de ces cinéastes capables de transformer l’attendu en thriller sombre et captivant et qu’il y réussit encore fort bien.
Le réalisateur n’invente rien et réutilise la bonne vieille lutte contre les trafiquants de drogue à la frontière américano-mexicaine comme le cinéma sait en produire treize à la douzaine. Mais entre ses mains, le genre se réinvente, gagne en noirceur et on assiste même à un changement de point de vue culotté lors du troisième quart. Du grand art.
Bien aidé par une formidable galerie d’interprètes (Emily Blunt en tête), Villeneuve insère dans son long-métrage une tension permanente dont on ressort éreinté. Sa caméra se veut d’une précision chirurgicale et la séquence de l’autoroute vaut son pesant de cacahuètes. Sans être sa plus grande réussite, Sicario prouve une nouvelle fois qu’en peu de films, Villeneuve s’est imposé comme l’un des grands et on attend son Blade Runner 2 avec impatience.
Sicario sort en vidéo le 8 février 2016