Comment seulement parler du phénomène Mommy sans tomber dans les mêmes adjectifs et la même sérénade dithyrambique? Comme l’on en témoignait lors de sa sortie, Mommy est à l’image de son réalisateur prodige, sensible en dépit du sujet et admirable dans son langage cinématographique.
Son trio d’êtres fragilisés par leur existence précaire émeut parce que Dolan ne se cache pas de sa candeur ni de son envie de moderniser les codes du mélodrame. Narrativement parlant, le long-métrage n’a rien d’une révolution mais tend à se perdre avec agilité dans son déroulement, particulièrement lors de transitions célébrées avec raison. Au diapason de dialogues chargés, les deux comédiennes phares de son univers se livrent sans filet mais avec une grâce tout à leur honneur.
Pourtant, c’est dans sa capacité à étreindre visuellement d’amour ses trois protagonistes que Dolan se montre véritable maitre. Réutilisant sa complexe palette de couleurs et fondant son cadre jusqu’au strict nécessaire, il signe ici une oeuvre à la beauté plastique modeste et paradoxalement éclatante, en apothéose dans une rêverie mélancolique finale bouleversante.
Mommy sort le 18 Mars en DVD, Blu-ray et VOD.