Dr. Stone vulgarise avec brio de nombreux concepts scientifiques, tout en conservant une ligne éditoriale de shonen.
Le shonen pétillant Dr. Stone, écrit par Riichiro Inagaki (Eyeshield 21) et dessiné par Boichi (Sun Ken Rock, Origin), s’est achevé ce 18 octobre avec son 26è volume. Le héros principal, Senku, se réveille en l’an 5738 suite à une vague géante de pétrification survenue en 2017. En effet, alors qu’il étudiait la science dans le laboratoire de son école, une vague lumineuse géante a transformé toute l’humanité en pierre. Senku se donne alors pour quête de sortir ses amis de la pierre et de découvrir qui se cache derrière cet étrange phénomène.
E= Manga2Science
Dr. Stone tire son épingle du jeu par son accent mis sur la vulgarisation scientifique. Senku et ses amis rendent de nombreux processus scientifiques accessibles par des explications simples et adaptées au grand public. Ainsi, le fonctionnement des radars ou des ordinateurs sont révélés avec beaucoup de simplicité et souvent avec des touches d’humour. En quelque sorte, Dr. Stone permet de se réconcilier avec les cours de physiques-chimie ! D’autant que la petite troupe s’accorde bien des plaisirs en route, afin de rendre l’aventure plus chouette. Tandis que François concoctera de bons petits cocktails, Kaseki réalisera des hand-spinners.
Dr. Stone use aussi à bon escient de certains codes du shonen, comme le pouvoir de l’amitié. Tout au long de l’aventure, Senku se rallie à de nombreux amis ayant chacun un caractère bien trempé ! Chaque personnage, par ses défauts et ses qualités, trouve son importance dans l’avancement de l’histoire. Riichiro Inagaki utilise aussi ce pouvoir de l’amitié pour délivrer quelques leçons de morale à ses lecteurs. À l’inverse, d’autres poncifs du genre, à l’instar du tournoi, s’insèrent mal dans l’œuvre…
Un jour je serai le meilleur chercheur
Cette symbiose entre les personnages rattrape les inégalités du scénario. L’œuvre souffre de quelques variations de rythme qui handicapent ses volumes centraux. Dr. Stone démarre en force sur ses 2 premiers volumes, mais se tasse rapidement. L’œuvre manque d’adversaires qui posent de réelles difficultés à l’équipe. Si Ibara (tomes 11-12) est le premier vrai antagoniste à pointer le bout de son nez, il faut attendre le dernier arc (volume 17) pour que les choses sérieuses commencent. Cet ultime arc met enfin en place un antagoniste à la hauteur du potentiel mental de Senku et de la force brute de ses amis Hyoga, Tsukasa et Kohaku. Cependant, cet arc expose une narration trop hâtive. La course à l’espace condense des années entières en seulement quelques chapitres. Tandis qu’elle ne creuse pas assez la relation que Senku entretient avec le Dr. Xeno.
Le dessin aiguisé de Boichi contribue aussi grandement du dynamisme et de l’attractivité de l’œuvre. Bien qu’issu du monde du seinen, son trait s’adapte rapidement au shonen s’adressant à une cible plus jeune. L’ajustement prend toutefois un certain temps; les personnages semblent plus âgés au début de l’œuvre qu’à la fin… Hormis cette anomalie, Boichi reste fidèle à son art en insérant ses personnages dans des planches au découpage pêchu. Les chapitres sont aussi allègrement parsemés de dessins en page entière ou en doubles pages, afin de profiter de ses décors ultra-réalistes aux innombrables détails.
C’est pas sorcier
Dr. Stone renouvelle le genre du shonen en mettant en retrait les affrontements physiques, au profit de duels reposant sur l’intelligence. Riichiro Inagaki et Boichi forment un duo complémentaire permettant au manga de se montrer aussi bon narrativement que graphiquement. Ainsi, les volets scientifiques et didactiques du titre n’apparaissent à aucun moment obscurs ou barbants. Grâce à Senku et sa bande, la science n’aura jamais paru aussi excitante !
Dr. Stone, édité par Glénat, vient de se conclure ce 18 octobre par son 26e volume. Sa série animée se poursuit ; la partie 2 de sa saison 3 a débuté le 12 octobre.
Avis
Dr. Stone se distingue des shonens plus conventionnels. Son approche de la science et ses affrontements reposant plus sur l'intelligence que sur la force physique constituent les clés de sa réussite.