Habitué des rôles dérangés, David Tennant joue un nouveau psychopathe dans Des, mini-série brillante et terrifiante.
Arrêté le 9 février 1983, Dennis Nilsen avoue immédiatement être l’auteur de 15 ou 16 meurtres à la police. Mini-série de 3 épisodes seulement, Des est une plongée dans la psyché du tueur en série surnommé « l’étrangleur à la cravate ». Une virée clinique et sans artifice dans un biopic loin du sulfureux pour se contenter de dresser un portrait terrifiant, une mise en garde incontournable.
Produite pour itv network d’après la biographie Killing for company de Brian Masters, la mini-série est la neuvième et, pour l’instant, dernière-née d’une séquence de plusieurs drames visant à transmettre le devoir de mémoire au public sur des affaires criminelles britanniques notoires. Cette fois, il est question de l’instruction du procès du tueur en série Dennis « Des » Nilsen, nécrophile et responsable de la disparition de 15 jeunes hommes, SDF pour la plupart. Glaçant.
Mindhunter
S’il incarnait déjà un personnage similaire dans Criminal, David Tennant, en bon habitué des psychopathes, trouve ici un rôle froid et monstrueux, à la mesure de son talent. L’œil vitreux, l’assurance du coupable exacerbée, cigarette au bec et ton désinvolte, tout est là pour nous offrir un protagoniste abject, un « Des » plus vrai que nature, identique aux images d’archives dont la série s’orne momentanément pour situer le contexte historique de ces découvertes macabres.
En plein mandat de Margaret Thatcher, le Royaume Uni connaît une vague de privatisation massive de l’industrie nationale d’où déferle un taux de chômage sans précédent. C’est dans cet environnement précaire, où la population se retrouve à la rue, massée dans les agences d’emploi, que le tueur en série fait ses premières victimes. Vite passé aux aveux, il se rétracte cependant pendant le procès tout en assumant fièrement ses actes. Un paradoxe qui ne sert finalement qu’à s’attirer la fascination du public toujours en quête de tabloïdes morbides et d’histoires effrayantes.
Une focalisation que l’on retrouve d’ailleurs identifiée par chacun des trois protagonistes. Malade et acérée lorsque la caméra de Lewis Arnold se pose sur Tennant, joviale mais atterrée face à l’excellent flic campé par Daniel Mays ou effrayée mais fascinée quand l’écrivain joué par Jason Watkins se retrouve devant le tueur. Trois directions ou la réalisation n’est jamais démonstrative mais toujours suggestive puisque la mini-série « Des » préfère éluder l’aspect graphique de ces meurtres sans montrer d’images violente et choquantes pour se concentrer sur une discussion en tête-à-tête. Une approche aseptisée, sombre et désaturée pour ne pas encenser une personnalité repoussante.
Véritable plaidoyer pour les victimes longtemps disparue, la série Des est une claque engagée, fascinante mais pas indiscrète, un témoignage nécessaire.