Dear Santa, sous son titre trompeur, invoquera plutôt Satan dans une comédie tout aussi originale que pataude.
Dear Santa est une comédie de Noël réalisée par Peter et Bobby Farrelly (Dumb and Dumber, Fous d’Irène). Grand rêveur, le jeune Liam (Robert Timothy Smith) continue d’envoyer religieusement sa lettre au Père Noël. Cependant, cette année, il commet une terrible erreur. Dyslexique, l’adolescent inverse accidentellement les lettres lorsqu’il rédige l’adresse du Père Noël. Au lieu d’inscrire Santa sur l’enveloppe, il y écrit Satan. Par un sombre maléfice, le courrier parvient en enfer et le maître des lieux se retrouve dans notre monde. Croyant avoir affaire au Père Noël, Liam contracte avec Satan et découvrira qu’il lui devra son âme.
Troquer Santa pour Satan…
Rafraîchissant par cette approche originale, Dear Santa peut compter sur une entrée en matière satisfaisante. Dans la masse de films de Noël paraissant chaque année, il faut bien faire un peu de place aux autres personnages mythiques. La dyslexie de Liam est ainsi bien exploitée. Elle met en avant un personnage plus représentatif de la diversité des individus que les sempiternelles têtes blondes tout droit sorties des carcans hollywoodiens (Maman j’ai raté l’avion). Elle offre aussi une explication tangible et tout public à l’invocation de Satan, en n’ayant pas à montrer des rituels sordides pour appeler cette entité obscure.
Cependant, l’euphorie suscitée par ce film de Noël osant sortir des sentiers battus peine à se maintenir. L’acteur qui joue Satan, Jack Black, se retrouve vite à tenir le film à lui seul. Toujours plein d’entrain, sa prestation dénote des autres acteurs et actrices relativement apathiques. Liam et son ami Gibby (Jaden Carson Baker) semblent réciter leur texte sans y mettre une grande gaité de cœur. Le film se rythme cependant quelque peu grâce à l’apparition inattendue du rappeur Post Malone. Aussi, les répliques guindées de Mr Charles (P.J. Byrne), le professeur de littérature, feront souvent mouche.
… mais à quel prix ?
En effet, l’intrigue s’essouffle rapidement, malgré son humour lourdaud qui suscitera quelques pouffements. Après le premier vœu de Liam, les deux tiers restants du film manquent de substance. Le scénario peine à faire émerger des enjeux dignes d’un pacte avec Satan. Ce dernier n’expliquera jamais en quoi consiste donner son âme au diable. Liam sera-t-il directement catapulté en enfer après son troisième vœu, ou intégrera-t-il plutôt des ordres du mal lorsque son âme sera jugée après sa mort ? Mystère et boule de neige… Au contraire, le scénario s’alourdit de dialogues flasques, qui ne font émerger qu’une morale pataude.
Toutefois, il serait d’une certaine mauvaise foi d’attendre de la profondeur dans un film de Noël. Quand l’esprit de Noël est là, la magie opère et il se suffit à lui-même. Or, dans Dear Santa, la féérie des fêtes de fin d’année se montre presque inexistante. L’esprit de Noël se voit réduit à son plus strict minimum ; le sapin dans le salon. Les décors extérieurs semblent démentir le postulat initial de se trouver en période hivernale. Les arbres arborent encore fièrement leurs épais feuillages verdoyants et il faudra faire l’impasse sur les décorations extérieures. Seul le 25 décembre fera l’objet d’une tentative de reconstitution de la magie de Noël. Cependant fébrile, elle se circonscrira à exhiber un peu de neige artificielle en recouvrant timidement la maison et le jardin de Liam.
Hell no
Dear Santa se révélera finalement boiteux. En film de Noël qui veut sortir des sentiers battus, il se retrouve à trop évincer la féerie des fêtes. En outre, les prestations rigides et peu convaincantes des adolescents, pourtant personnages principaux, laissent le champ libre à un Satan survolté. Par conséquent, le film peinera à convaincre sa cible principale, les enfants. L’absence de héros consistants les abandonnera à un sujet sensible, le diable, et un humour américain parfois inapproprié.
Dear Santa est sorti en exclusivité sur la plateforme Paramount+ le 18 décembre 2024.
Avis
Dear Santa se démarque par son concept original, mais peine à maintenir l'intérêt. Malgré la performance énergique de Jack Black dans le rôle de Satan, les prestations rigides des jeunes acteurs reprennent toujours le pas. Plus largement, les enjeux ne se montrent pas dignes d'un pacte diabolique et les décors peu festifs ne feront jamais émerger la magie de Noël.