23 ans après l’excellent premier opus, le studio Aardman (Wallace & Gromit) remet le couvert avec Chicken Run – La Menace Nuggets. Une suite où nous retrouvons Ginger, Rocky, Babette ou encore Poulard face à Madame Tweedy, plus déterminée que jamais à réduire les poules en nourriture. Mais alors qu’elles avaient dû s’échapper du poulailler, cette fois les protagonistes vont devoir s’infiltrer pour déjouer les plans des humains !
Cela fait de nombreuses années qu’une suite à Chicken Run est évoquée ! Véritable carton lors de sa sortie en 2000, le premier opus reste encore aujourd’hui le film en stop-motion le plus rentable de l’Histoire, et probablement le plus beau fait d’armes du studio Aardman. Car oui, le studio anglais fondé par Peter Lord était déjà connu pour sa « claymation » (animation image par image en utilisant des personnages en pâte à modeler) avec les court-métrages Wallace & Gromit. Mais ce sont véritablement les fameux poulets qui les ont lancé au cinéma !
Live or Die Frying
Après 2 décennies de cinéma, entre un film Wallace & Gromit, Les Pirates !, Cro Man ou bien Shaun le mouton, le studio Aardman collabore donc avec Netflix pour sortir Chicken Run – la Menace Nuggets. Réalisé par Sam Fell (Souris City, ParaNorman), cette suite prend place quelques années après le précédent, alors que les poules ont créé leur havre de paix sur un petit îlot isolé au milieu d’un lac. Ginger et Rocky sont par ailleurs parents de la petite Molly, et la vie en autarcie semblent convenir à tout le monde.
Sauf à Molly bien entendu, qui va s’aventurer à l’extérieur, et être prise au piège dans une sinistre usine appartenant à Mme Tweedy. Cette dernière n’a en effet pas dit son dernier mot, et compte bien être la principale productrice de nuggets de poulets ! Prêtes à tout pour sauver les poules en danger, Ginger et sa bande vont ainsi devoir s’infiltrer dans ce complexe.
Alors que Chicken Run empruntait à la Grande Évasion ou Luke la main froide pour forger son récit d’exfiltration, cette suite entend émuler le film de casse (Ocean’s Eleven) et d’espionnage (on pense un peu à James Bond à de courts instants, mais surtout à Mission Impossible). Une impulsion pertinente donc, qui permet à La Menace Nuggets d’être une séquelle cohérente, respectant les personnages que l’on connait, tout en voulant éviter la redite.
Nuggets moins croustillants
De belles intentions, dont les divers ingrédients ne trouvent pas la même émulsion miraculeuse du premier Chicken Run, la faute à une écriture beaucoup plus balisée qui manque de mordant. Le jeu des comparatifs avec le premier film n’est pas en sa faveur, tant ce second opus manque de singularité en lorgnant vers de genres galvaudés, que d’autres films d’animation (au hasard les Indestructibles, Toy Story 2 ou même récemment les Bad Guys) ont utilisé en long, en large et en travers.
Après une mise en place classique recontextualisant les enjeux de Chicken Run, le programme narratif s’avère finalement plutôt attendu, là où Aardman parvenait toujours à jouer avec les attentes du spectateur : dialogue mère-fille brisé et désir de liberté seront donc les deux thématiques premières de Chicken Run – la Menace Nuggets, préférant avant tout miser sur la relation entre Ginger et Molly, tout en oubliant quasi intégralement Rocky en cours de chemin.
Heureusement, dès lors que le métrage arrive au cœur de l’usine de Mme Tweedy (et donc au cœur du projet cinématographique de cette suite), la mayonnaise commence à prendre dans un rythme tenu. Les divers gags lorgnent donc avant tout sur le situationnel, pastichant les codes du film d’infiltration avec une relative efficacité (plan d’eau piégé, portiques de sécurité avec scan rétinien, conduits d’aération pour la navigation, antre du mastermind..), sans toutefois les transcender. Même la BO de Harry Gregson-Williams se veut très discrète, n’égalant pas la maestria old school co-composée jadis avec John Powell (Dragons).
Claymation de très haut niveau
On notera quelques idées régulières plutôt bien digérées, à l’instar de cet espace récréatif pour poules hypnotisées semblant tout droit sorti de The Truman Show. Et bien sûr le retour de la fameuse Mme Tweedy, campant une antagoniste toujours aussi efficace, cette fois assortie d’un nouveau mari émulant l’archétype du scientifique fou. Car s’il y a bien une constante chez Aardman, c’est bien la qualité de modélisation des divers personnages, et une claymation palpable des plus saisissantes.
On regrettera cependant une imagerie parfois trop propre, loin du travail de photographie et d’éclairages des premiers travaux du studio. La contrepartie bien heureuse étant que Chicken Run – la Menace Nuggets s’observe avec un certain émerveillement régulier lorsqu’on apprécie la stop motion, avec l’impression de voir une riche minutie de détails à chaque niveau, notamment dès l’introduction présentant le sanctuaire des poules avec ces dizaines de poupées en pâte à modeler évoluant au sein du décor.
Car il est bien là le plaisir de ce Chicken Run 2, suite tout à fait sympathique n’étant jamais au niveau de son prédécesseur de par une écriture plus simpliste et une mise en scène moins virtuose. Même le travail de doublage se veut moins iconique, tout en étant plus que respectable. Le tout se suit néanmoins avec plaisir, dans une aventure familiale bénéficiant toujours du studio Aardman, à défaut de transformer l’essai.
Chicken Run 2 sortira sur Netflix le 15 décembre 2023
avis
Chicken Run - le Menace Nuggets n'arrive malheureusement pas à la cheville de son illustre (et cultissime) prédécesseur, préférant avant tout agencer un récit moins surprenant ou inspiré, où la virtuosité de mise en scène et d'intention fait défaut. Néanmoins, cette suite se révèle tout à fait sympathique dans son mariage de genre, pour une aventure familiale qui ne transcendera aucunement ses inspirations, mais montre encore une fois l'immence talent du studio Aardman !