Chère Léa voit Jérôme Bonnell poursuivre son étude sentimentale après les superbes Le temps de l’aventure et À trois on y va. Pour un film toujours aussi attachant sur la rupture. Le film est distribué chez nous par Diaphana.
Chère Léa possède un parfum désuet qui contribue en grande partie à son charme. Jérôme Bonnell suit ainsi Jonas (Grégory Montel), qui après une rupture décide de s’enfermer dans un café pour rédiger une lettre. Juste en bas de la fenêtre de son ex-conquête (Anaïs Demoustier) , il rencontrera alors tout un quartier, avec un patron de café un peu envahissant (Grégory Gadebois) dont les échanges le mèneront vers une sérieuse et bénéfique remise en question…
Lettre où ne pas être
Jérôme Bonnell est un jeune cinéaste talentueux. Ayant dépoussiéré le canevas ultra-attendu de la rencontre amoureuse dans Le temps de l’aventure et celle du trio amoureux dans le radieux À trois on y va, Chère Léa voit le cinéaste s’attaquer à la rupture et à ce qu’elle laisse de doutes et d’interrogations. Des échanges finement dialogués, des acteurs rayonnants, et derrière les bagarres entre amants et les brèves de comptoir, se dessine alors une belle mélancolie. Celle d’un homme confronté à ses choix et qui en écrivant une lettre se trouve bousculé dans ses convictions, et à l’aune d’un avenir qui se figure avec la solitude en solide alliée.
Parce que Chère Léa est un film modeste et attachant qui en plus d’honorer sa belle promesse évoque des personnages véritablement juste et bouleversants. Ainsi, si Anaïs Demoustier perpétue son exploration du cinéma d’auteur avec beaucoup de talent, les attachants Grégory Montel et Grégory Gadebois voient leur sympathique bonhommie affaissée par l’impériale Léa Drucker, qui en un seul dialogue voit Chère Léa délaisser son postulat quelque peu théâtral pour caresser des moments de mélancolie d’une grande justesse.
Fine plume
Il y ainsi dans Chère Léa un tempo comique désenchanté qui se mue en une infime observation d’êtres en proie à la solitude. Derrière les stéréotypes du quadragénaire parisien débordé fraîchement divorcé, du patron de bar parisien, et de la jeune amante en plein doute, se dessine alors des fêlures qui une fois les brillants dialogues arrêtés, cèdent leur place à des moments de solitude et de silence dont la justesse touche en plein cœur. On se souviendra ainsi, d’une superbe conclusion sans le moindre échange, où tout dans les regards des interprètes traduit avec un immense talent tout le cœur du sujet de Chère Léa.
Chère Léa est ainsi un film tendre, juste et modeste, sur des gens qui s’arrêtent. Il fallait ainsi tout le talent de Jérôme Bonnell pour transfigurer ces moments de doute en une comédie sincère débordante de sincérité qui met à nu, une fois de plus, un carcan ultra-remâché pour en synthétiser de si beaux portraits de personnages en proie au doute et enfin confronté à eux-mêmes. L’occasion de s’arrêter, le temps d’un instant, pour admirer ce si joli moment de suspension où loin du bruit et de la fureur du quotidien, la poésie et la tendresse peuvent enfin éclater.
Chère Léa est disponible en VOD, Blu-ray et DVD chez Diaphana.
Avis
Jérôme Bonnell poursuit son exploration sentimentale avec beaucoup de talent. Après les très réussis Le temps de l'aventure sur la rencontre amoureuse et À trois on y va sur le trouple, Chère Léa voit le cinéaste suspendre le temps pour une attachante et juste observation de la rupture. Déshabillant ses personnages de leur stéréotype au détour de brillants dialogues, Chère Léa filme avec beaucoup de justesse ces gens qui s'arrêtent pour enfin se confronter à eux-mêmes.