Ouvrons sur une confession : plus le temps passe et plus la production en batterie des Marvel indiffére.
Pour sûr, l’auteur de ces lignes a pris un plaisir certain devant Avengers Infinity War. Mais pour cela, combien d’insipides Ant-Man ou de bordéliques Gardiens 2 doit-on subir ? Alors quand arrive Captain Marvel et sa promotion sans aspérités, comme une mise en bouche avant Endgame, le scepticisme est de rigueur.
Captain Marvel, mieux que prévu ?
Face à ses aînés, Captain Marvel parvient finalement à tirer son épingle de jeu. La première raison est finalement celle qui aura créée le plus grand remou : Brie Larson. Interprète d’ordinaire épatante, militante des réseaux, courageuse, on la craignait écrasée par la machine, après des spots TV où on la percevait placide. Soit au final toute la logique de son personnage, à laquelle elle ajoute une assurance moqueuse du plus bel effet.
Sans vriller dans le tract opportuniste, Captain Marvel parvient à faire de son héroïne un modèle qu’on imagine sans mal inspirant pour une génération de jeunes filles. Forte et maligne, elle est le moteur d’un film qui file sans appesantir la métaphore. On reste à ce titre surpris du traitement des nemesis, dont le Skrull ennemi, qui s’imposent comme des intéressants pied de nez à des années de méchants utilitaires.
L’univers visuel du film reste assez convaincant, notamment via quelques séquences aériennes du plus bel effet. La plongée au coeur des années 90 évite l’écueil usuel du clin d’oeil forcé. Les retrouvailles numériques avec un Samuel L. Jackson rajeuni marquent le signe d’un bond technologique sous la forme d’une boîte de Pandore grande ouverte. Le résultat est si convaincant qu’on tremble devant ce qu’il adviendra dans le futur, face au déploiement d’acteurs que l’on pourra rajeunir à l’infini.
Et la narration dans tout cela ? C’est là qu’une nouvelle fois le bât blesse. Si la trajectoire de chaque protagoniste est intelligemment conduite, on reste de marbre devant la petitesse des enjeux qui les entourent. Sans doute parce qu’il raconte, sur le ton d’un épisode télé, le flashback d’une histoire dont l’issue est déjà connue, Captain Marvel nous ennuie parfois, notamment lors d’une partie centrale multipliant les digressions et les redites.
À cela s’ajoute des séquences d’action parmi les plus mal montées de l’écurie Marvel. Brouillonnes, sans saveur, elles ne possèdent ni le charme ni l’originalité de leur confrères – qui pourtant ne brillaient pas franchement non plus. Dommage pour un film qui fait du pied à la meilleure décennie dans le genre ! Ajoutez à cela des transitions très télévisuelles, et une musique plus qu’oubliable, et vous obtenez un film qui dilue sa magie en ayant fait l’impasse créative sur des éléments pourtant essentiels.
Pourtant, à la sortie de la salle, il reste l’impression d’avoir assisté à un Marvel un poil meilleur que la moyenne, plus rafraîchissant qu’à l’accoutumée. Ce qui, au regard de la maison, n’élève pas des masses le niveau du cinéma dans son ensemble.