Diffusée en deux temps, suite à une certaine pandémie toi-même tu sais, Billions vient de conclure sa saison 5, laquelle sonnerait presque comme la fin de la série elle-même.
Chuck Rhoades et Mike Prince s’associent pour faire tomber Bobby Axelrod. Billions, la série de Showtime revient après une pause nous offrir la conclusion de sa saison 5 (notre critique du season premiere), laquelle pourrait même s’apparenter à la fin du show qui semble ainsi se transformer dans un ultime soubresaut en son propre spin-off. Intriguant.
Toujours showrunnée par les créateurs Brian Koppelman et David Levien, qui se chargent d’ailleurs d’écrire plusieurs épisodes de cette cinquième saison, Billions continue sur sa lancée en développant son propos financier pour ancrer dans son échappée procédurale d’intéressantes considérations contemporaines. Oui on parle du Covid. Ainsi le show fait peau neuve, s’articule différemment, pour proposer sinon une conclusion anticipée, au moins un nouveau départ.
Succession
Le drama financier propose donc une scission définitive avec les saisons précédentes. Paul Giamatti fait peau neuve, rasé et amaigri, le comédien principal est transformé tandis que son couple à l’écran bat de l’aile. Wendy et Chuck sont en instance de divorce, l’occasion pour le show de faire venir Frank Grillo en artiste peintre un peu artificiel pour pousser la thérapeute dans ses ultimes retranchements. Enfin, Axe est en quarantaine, loin des studios habituels de la série, dont les scènes se résument principalement à des écrans de conf-call pour justifier de son isolement, même si la raison est hélas plus tragique. L’acteur Damian Lewis est alors en plein deuil de son épouse, l’incroyable et regrettée Helen McCrory.
Une parenthèse people nécessaire pour comprendre la raison des traits tirés du milliardaire reclus, qui annoncent finalement de façon prémonitoire son départ du show. En effet, pour enfoncer encore plus la fin d’une époque, la saison est à peine terminée que Damian « Axe » Lewis annonce ne pas renouveler son contrat. Son abandon, pleinement légitimé dans la série comme l’abdication de l’ancien magnat financier, offre au personnage une belle porte de sortie même si du point de vue du spectateur, on reste un peu sur notre faim. Son duel avec Giamatti simplement éconduit, déjà caduque.
Pourtant, Billions ne s’avoue pas vaincu et espère ainsi nous offrir une fin murement réfléchie et d’actualité. Pour ce faire, c’est donc le successeur de Lewis, le fringuant Corey Stoll, qui fait maintenant face à un Giamatti rutilant. Au milieu de la légalisation de marijuana, les masques et les affrontements entre vaccinés et non vaccinés instaurent une nouvelle fracture narrative et visuelle. Une belle analyse de la société actuelle, calfeutrée chez elle ou licenciée pour manquement à l’idéologie collective. Les Les manipulations de Billions se font donc par écrans interposés. Merci les partenariats avec Apple et Facetime qui propulsent les conversations en visio comme de véritables extensions de mise en scène. Un prolongement des caméras insidieuses pour parfaire l’aspect rhétorique du show, agressif et au regard toujours acéré sur notre condition sociétale malgré le statut d’intouchables de ces protagonistes.
Même si Billions n’est pas terminée, il semblerait bien que la saison 5 sonne la fin de la série telle qu’on la connaissait et l’appréciait, espérons que la suite se montre à la hauteur de l’investissement.