35 ans après le succès surprise de Tim Burton, Beetlejuice Beetlejuice voit le retour de Michael Keaton, Winona Ryder et Catherine O’Hara dans cette suite également portée par Jenna Ortega (Mercredi). La comédie fantastique signe sans nul doute le meilleur film de Burton depuis longtemps, mais à quel prix ?
Beetlejuice Beetlejuice revient de (très) loin ! En effet, après le succès surprise du 1er volet en 1988, Tim Burton fut propulsé en tant que véritable nom à Hollywood (la suite on la connait avec Batman, Edward aux mains d’argent ou bien Sleepy Hollow) ! Cette comédie où une famille emménage dans une maison hantée et invoque par inadvertance un « bio-exorciste » du nom de Betelgeuse (Michael Keaton) allant faire des siennes aura également remis sur le devant de la scène son interprète principal.
Beetlejuice Beetlejuice : 3 décennies plus tard
Dès les années 90 un Beetlejuice 2 était dans les cartons, avec le même casting mais un setting Hawaïen doublé d’influences sorties de l’expressionnisme allemand. Trop occupé sur un de ses meilleurs métrages (Batman Returns), Burton ne lâchera pas l’affaire, si bien que Beetlejuice Beetlejuice devient une arlésienne jusqu’à ce que l’autrefois auteur acclamé ne retrouve un succès via la pourtant discutable Mercredi.
Épaulé des scénaristes Alfred Gough & Miles Millar (Smallville, Into the Badlands) resitue cette suite de nos jours, alors que la famille Deetz revient sur les lieux du premier opus après le décès de Charles (le patriarche). La famille dysfonctionnelle (et sans figure paternelle) doit néanmoins se reformer dans la douleur, sachant qu’Astrid (Jenna Ortega) est en froid avec sa mère Lydia (Winona Ryder), elle-même éloignée de Delia (Catherine O’Hara), reconvertie en artiste virale.
Animant un talk-show centré sur le surnaturel, Lydia revient donc sur les lieux de son trauma en compagnie de son fiancé (et manager) Rory (Justin Theroux). Tandis que Beetlejuice/Betelgeuse cherche un moyen de s’échapper de l’au-delà, Astrid va faire une rencontre fortuite la rendant captive de cet outre-monde. Contrainte d’invoquer Beetlejuice contre son gré, Lydia va devoir faire un pacte avec ce dernier dans le but de sauver sa famille.
Retour aux sources pour Tim Burton
Dès sa séquence d’introduction enveloppée par les sonorités familières de Danny Elfman, Beetlejuice Beetlejuice affiche un retour aux sources à la fois complètement respectueux du film original, mais également éloigné d’un quelconque esprit de redite. Si une nouvelle génération (personnifiée par la seule Jenna Ortega) est présente, cette suite a la bonne idée de toujours se centrer sur Lydia.
Comme hantée par le passé, la toujours excellente Winona Ryder retrouve un de ses rôles cultes aussi efficacement que Michael Keaton ou Cathrine O’Hara : c’est simple, malgré plus de trois décennies, les années n’auront pas eu d’effet néfaste sur ce trio ayant certes pris de l’âge, mais faisant toujours corps avec leurs personnages.
Mieux : Beetlejuice Beetlejuice prend un certain temps à s’attarder sur les retrouvailles de cette famille féminine entourée par la mort et l’absence de cohésion, avant que le fameux Beetlejuice (et l’au-delà) ne vienne mettre un coup de pied dans un récit n’ayant heureusement rien de sinistre ou lacrymal.
Casting qui compense les faiblesses de script
Le cocktail de comédie est toujours au rendez-vous, avec une certaine efficacité que l’on doit bien sûr à un casting complètement impliqué. Si les anciens (en particulier Keaton et O’Hara) sont toujours au top, il faut également saluer les ajouts truculents que sont Theroux (régulièrement fun dans son rôle d’opportuniste) et surtout Willem Dafoe en acteur-policier de l’au-delà (de loin le meilleur pion du métrage).
Mais très vite un problème survient, et pas des moindres : Beettlejuice Beetlejuice est régulièrement handicapé par un scénario aux arcs narratifs rushés, voire bazardés dans leur finalité. On pensera à un personnage d’ado en particulier, et surtout à la figure vengeresse de Monica Bellucci : Burton filme sa nouvelle muse avec un amour certain (très bonne scène initiale à la Fiancée de Frankenstein), mais le personnage de Delores ne représentera qu’un faire-valoir gratuit sans réelle incidence sur la trame.
Il y avait pourtant de quoi faire avec cette boogey-woman désireuse de retrouver son mari, mais Beetlejuice Beetlejuice nous renvoie à un scénario ayant bien du mal à exploiter chacun de ses rouages, préférant les résolutions à base de fâcheux deus ex machina. Un triste constat, d’autant que la durée d’à peine 1h44 permet certes un film diablement bien rythmé, mais où l’incarnation est troquée à intervalles réguliers au profit de l’efficacité.
Les mains dans l’artisanat
Une efficacité indéniable, jusque dans la fabrication du film où Tim Burton a de nouveau recours à un maximum de practical effects, de maquettes et autres créatures entièrement crées à la main. Un résultat qui donne une texture indéniable, même si on aurait aimé que l’au-delà soit poussé plus loin dans ces retranchements que les décors que l’on connait déjà (exception faite de la très belle idée du Soul Train tendance Afro 70’s).
Une absence de réelle surprise qui n’est sans doute pas handicapante devant le tempo humoristique globalement maîtrisé de Beetlejuice Beetlejuice, mais aussi un petit cœur émotionnel bien représenté par un esprit maternel bienvenu. Une dimension qui à elle seule justifie cette honnête suite en tant que vrai film de Tim Burton, à défaut d’être pleinement transcendante. Sympathique !
Beeteljuice Beetlejuice sortira au cinéma le 11 septembre 2024
avis
Avec Beetlejuice Beetlejuice, Tim Burton et son excellent casting d'anciens (Michael Keaton, Winona Ryder, Catherine O'Hara) et de nouveaux (Jenna Ortega, Monica Bellucci) pallient à un script bazardant régulièrement la finalité de ses arcs narratifs par une efficacité comique de chaque instant et un bon mix entre techniques contemporaines et artisanat d'époque. Malgré ses faiblesses, cette suite n'arrivant finalement pas trop tard bénéficie également d'un vrai cœur au sein de son délirant train-fantôme : de quoi justifier ce second opus globalement honnête !