Beast offre une double dose d’Idris Elba au cinéma cette semaine. Mais entre le conte fantastique de George Miller et le survival risible de Baltasar Kormákur, le fossé est grand.
Beast éclaire une autre partie de la filmographie d’Idris Elba. Une filmographie sous-terraine jonchée de nombreux navets, très loin du Beasts of No Nation dont le titre se rapproche du survival de Baltasar Kormákur. Acteur charismatique, révélé sur le petit écran avec The Office et surtout Luther, rêvé et fantasmé dans le costume de James Bond, l’on oublie cependant parfois de citer un certain mauvais goût de l’acteur qui s’est trouvé coincé dans nombre de navets pourtant mémorables. Ghost Rider 2, Cats, La Tour Sombre, Bastille Day côtoient ainsi Le Grand Jeu, The Harder They Fall, American Gangster où 28 Semaines Plus Tard. Une filmographie en dents de scie, parfaitement illustrée ce même mercredi où se côtoient Trois mille ans à t’attendre et ce Beast.
Idris il s’bat
Beast est donc mis en scène par Baltasar Kormákur, acteur, scénariste, producteur et metteur en scène islandais exerçant depuis 2005 à Hollywood. Capable du pire avec 2 Guns, comme du plus sympathique et honnête divertissement avec Everest et Contrebande, il est difficile de trouver une certaine cohérence dans la filmographie d’un homme qui semble aller où le vent (ou bien les dollars) le portent. Beast suit donc le docteur Nate Samuels, récemment veuf et père de deux filles, vacanciers en Afrique du Sud partis y retrouver un grand copain biologiste (toujours un plaisir de retrouver Sharlto Copley) pour faire un safari dans une réserve naturelle. Dommage pour eux : un lion ivre de vengeance et assoiffé de sang sévit sur cette même réserve après avoir vu sa tribu décimée par des braconniers.
Inutile de dédier un paragraphe tout entier au scénario, ce n’est évidemment jamais vraiment l’intérêt principal de ce genre d’exercice, offrant surtout un terrain de jeu idéal pour des metteurs en scène aguerris. Malheureusement, Baltasar Kormákur n’en étant pas un, la tension sera réduite au minimum syndical, entrecoupée d’échanges familiaux risibles sur le deuil et la culpabilité, évidemment entrecoupés de flashbacks, tuant un à un toutes les promesses du plus bas de gamme des survival. Il ne reste, en bout de course, pas grand chose devant cette course à la stupidité noyée sous les clichés se concluant heureusement, de la manière la plus risible possible. Spoilers : oui, vous ne rêvez pas : Idris Elba va bien se battre à mains nues contre un lion.
Bête et idiots
Baltasar Kormákur ne se sent ainsi jamais à l’aise, que ce soit enfermé dans un 4*4 où bien même sur une petite parcelle de réserve naturelle. Le metteur en scène ne parvient ainsi jamais à cacher la sottise d’un scénario, qui, malgré un lion très réussi, qu’il essaie pourtant d’éviter au maximum, semble malheureusement être la seule qualité de ce Beast. Lorsqu’il ne reste que 30 petites minutes au film pour se conclure et que la menace paraît enfin abattue, le film traverse un long moment de flottement, qui même avant un retournement de scénario aussi gros que les pattes du lion, confronte Baltasar Kormákur au vide intersidéral qu’il a su conférer à ses insupportables personnages. Rester seuls avec eux, sans lion, durant près d’une demi-heure paraît ainsi relever du supplice.
Heureusement alors qu’Idris Elba décide de prendre son courage à deux mains pour aller redonner un peu d’intérêt à un film qui n’en a absolument aucun, pour nous offrir, même durant quelques minutes, une scène à la hauteur de notre attente qui ne s’élève plus à grand chose en bout de métrage. Est-ce qu’il aurait simplement fallu un bon metteur en scène ? Est-ce que Beast était purement et simplement une mauvaise idée ? Est-ce qu’Idris Elba voyait Beast comme une suite spirituelle de Cats ? Autant de questions qui demeureront malheureusement sans réponses devant cette grande parenthèse de vide, où les plus bêtes ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
Beast est sorti le 24 août 2022.
Avis
Beast n'a rien à offrir que son beau lion numérique. Dommage alors que Baltasar Kormákur tente de l'éviter, ni à l'aise avec le survival, le huis-clos, et encore moins le drame familial aux dialogues risibles ponctué de ses inévitables flashbacks faussement oniriques. L'on ne blâmera pas le metteur en scène, qui s'il aurait pu surpasser un scénario et des personnages débiles, aurait pu en tirer un minimum de tension.